Présentation générale
On se référera au fascicule de Louis Bourlet et Raymond Barde L’abbaye romane de Saint-Genis, que l’on dit « des Fontanes », juin 2009.
Il s’agit du plus vieux monastère du Roussillon. Sa fondation remonte aux années 780-790. Une Charte de Louis le Pieux, signée en 789, affirme que le monastère appartient bien à un dénommé Sentimir. Il est bâti en l’honneur de Saint-Genis, au lieu dit des « Sources/Fontanas » et qu’il est bien propriétaire de toutes les propriétés entrées dans son patrimoine.
Le linteau de Saint-Genis est la plus ancienne pierre romane datée connue. Elle date de 1019-1020. Dans la partie supérieure, au-dessus du Christ, placé dans une mandorle, on trouve deux lignes en latin indiquant les circonstances de la réalisation de la sculpture.
Anno videsimo quarto regnante rotberto rege willelmus gratia dei aba ista opera fieri jussit in honore sancti genesii cenobii que vocant fontanas.
La vingt-quatrième année du règne du roi Robert, Guillaume, abbé par la grâce de Dieu, commanda cette œuvre en l’honneur du monastère de Saint-Genis que l’on appelle des Fontaines.
On relève, dans cette inscription, un certain nombre de traits spécifiques propres au latin tardif. :
Videsimo est utilisé à la place de vicissimo, avec palatalisation de la gutturale g.
La dentale T se trouve devant la labiale dans ROTBERTO.
L’emploi de ISTA annonce l’article propre à l’espagnol.
QUE est mis pour QUAE et offre, ainsi, un exemple de la disparition de la déclinaison.
L’iconographique (communication du Professeur Lasagna)
L’image représentée est celle du Christ crucifié. Les deux personnages sont à droite saint Jean, à gauche la sainte Vierge ; les deux personnages montrent leur douleur, la Vierge en se battant la poitrine, Saint Jean par les mains croisées sur sa poitrine. Le Christ tourne ses yeux vers sa Mère pour exprimer les paroles : Mère, voici ton fils (c’est-à-dire Jean).
L’image du linteau. Elle se réfère à l’Apocalypse, surtout au chapitre 21. Le Christ est le juge du jugement dernier, 6,7-8 (alpha et oméga 6,6), dans la main il tient le livre des sept sceaux (chap. 5-6), la mandorle est double parce qu’il a la nature divine et la nature humaine. Les six personnages autour de lui sont des apôtres, on peut supposer qu’à l’origine il y avait deux autres panneaux, l’un à droite et l’autre à gauche pour entourer l’autel, et donc le total devait être de 12 apôtres. Les apôtres sont placés dans un édifice (les piliers et les arcs) qui est la Jérusalem céleste. Le seul apôtre qu’on peut distinguer des autres est celui qu’on voit prés du Christ à gauche : c’est saint Jean, l’auteur même de l’Apocalypse : il est figuré appuyant son visage à sa main, c’est un topos iconographique pour saint Jean comme l’auteur de l’Apocalypse et en général pour ceux qui sont en train d’avoir une vision (toute l’Apocalypse est imaginée comme une vision, 1,9-10…). Il est possible qu’un de ces personnages représente en même temps l’abbé.
L’image du linteau. Elle se réfère à l’Apocalypse, surtout au chapitre 21. Le Christ est le juge du jugement dernier, 6,7-8 (alpha et oméga 6,6), dans la main il tient le livre des sept sceaux (chap. 5-6), la mandorle est double parce qu’il a la nature divine et la nature humaine. Les six personnages autour de lui sont des apôtres, on peut supposer qu’à l’origine il y avait deux autres panneaux, l’un à droite et l’autre à gauche pour entourer l’autel, et donc le total devait être de 12 apôtres. Les apôtres sont placés dans un édifice (les piliers et les arcs) qui est la Jérusalem céleste. Le seul apôtre qu’on peut distinguer des autres est celui qu’on voit prés du Christ à gauche : c’est saint Jean, l’auteur même de l’Apocalypse : il est figuré appuyant son visage à sa main, c’est un topos iconographique pour saint Jean comme l’auteur de l’Apocalypse et en général pour ceux qui sont en train d’avoir une vision (toute l’Apocalypse est imaginée comme une vision, 1,9-10…). Il est possible qu’un de ces personnages représente en même temps l’abbé.
Le Christ est doté des stigmates de la passion et d’une barbe qui évoque, elle aussi, le moment de la passion. C’est une image assez répandu en Occident. Inversement dans la tradition byzantine le Christ est souvent représenté imberbe. On connaît un christ imberbe à l’époque mérovingienne dans le crypte de Jouarre. On considère que c’est en emprunt à l’art byzantin.
Le linteau est sans doute un antependium, destiné à être placé à l’intérieur du monastère, devant l’autel. Il a, toutefois, été réutilisé comme parement et remplacé devant l’autel par un tableau de bois.