Nous vivons une époque où il est de bon ton de fustiger les chrétiens, l’Eglise catholique en particulier. Pourtant, au milieu des protestations indignées – mais de bon aloi – à propos des prêtres pédophiles, un film rencontre un franc succès : le magnifique film de X. Beauvois, qui retrace les derniers mois de la vie des moines de Tibéhirine, assassinés par un groupe d’islamistes fanatiques en 1996.
Ce film est émouvant à bien des titres, d’abord par la plongée dans la vie monacale : dès la première scène, le ton est donné : on est dans le monastère, les 8 hommes célèbrent l’office ; ils sont très recueillis puis chantent à l’unisson, a capella. C’est ainsi que l’on va cheminer, tout au long du film, avec ces hommes qui ont choisi de se consacrer à Dieu et à leurs prochains : chacun occupe une fonction, l’un s’occupe du potager, l’autre de l’intendance… ; les figures les plus marquantes étant Frère Luc, le médecin qui se consacre aux villageois pauvres ,et Christian, qui dirige la communauté et fait, le premier, le choix de rester ; il montre une fermeté remarquable lors de la première incursion du GIA dans le monastère.
Ensuite, il y a les paysages arides de l’Atlas, la chaleur, la poussière, la neige l’hiver, la tempête dans laquelle les silhouettes des moines vont s’effacer peu à peu.
Le film nous émeut par les réflexions qu’il suscite : que signifie devenir moine et consacrer sa vie à Dieu ? Qu’est-ce que vivre en communauté ? Que faire face au danger ? Fuir ou résister ? Le film est scandé par les scènes où les moines se réunissent pour savoir ce qu’il convient de faire ; les antagonismes se font jour, certains aspects les moins nobles des hommes se dévoilent, la tension est palpable à plusieurs reprises, jusqu’à ce que la grâce l’emporte et qu’ils décident unanimement et tacitement d’aller jusqu’au bout de leur foi, du don d’eux-mêmes.
Le film nous émeut par les choix opérés par Xavier Beauvois pour filmer ces huit hommes : les gros plans sur les visages, les mains, les scènes de repas, depuis le dîner ordinaire, où ils partagent un plat de frites jusqu’au dîner qui scelle leur apaisement face à la peur et au danger imminent, qui n’est pas sans rappeler la Cène.
On voit ici des hommes qui ont consacré leur vie à Dieu, qui ont aimé et aidé leurs prochains – Frère Luc soigne, une nuit, un islamiste blessé qu’on lui amène au monastère, comme il soigne tous les villageois qui viennent le consulter pour des pathologies plus ou moins sérieuses – qui ont œuvré pour le rapprochement des cultures, des chrétiens et des musulmans : ils étaient proches des villageois, qui les appréciaient et les invitaient lors de cérémonies familiales. Par leur abnégation, leur force, leur résistance, ces hommes ont gagné, toutefois, une dimension d’icones, si bien que l’on peut dire qu’ils étaient hommes et sont devenus des dieux.
Valérie Faranton
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Date de sortie cinéma : 8 septembre 2010
Long-métrage français . Genre : Drame
Durée : 02h00min Année de production : 2010
Distributeur : Mars Distribution
Durée : 02h00min Année de production : 2010
Distributeur : Mars Distribution
Synopsis : Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour…
Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.
Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.