Nous voudrions savoir si les victimes de l’injustice dans l’antiquité n’étaient pas comme aujourd’hui, soumises aux mêmes affres. Le contexte historique n’est certes plus le même, et d’aucuns pensent que le Christ mort sur la Croix est un fait du passé, que certains d’ailleurs occultent en le voilant de toutes sortes de préjugés ; en invoquant des prétextes qui opacifient la notion de justice, accentuant ainsi les difficultés des victimes de la violence dont les médias se font l’écho.
Comment oublier le Christ, victime d’un procès monstrueux organisé par des personnages aussi peu soucieux de la justice que Pilate et Hérode que l’histoire gardera toujours en mémoire pour éviter le mal ? Dans « Je vois Satan tomber comme l’éclair » René Girard écrit à la page 40 « Ce qui motive Pilate, lorsqu’il livre Jésus, c’est la peur d’une émeute. Il fait preuve, dit-on, d’ « habileté politique ».
Le Christ, victime innocente qui demande à son Père de pardonner à ses bourreaux, est un fait unique dans l’histoire de l’humanité. En effet, par ces paroles il devient le défenseur de toutes les victimes du monde. Le Christ n’a pas été, nous le voyons, une victime comme les autres car il est venu sortir toutes les victimes de leurs tombeaux par souci de justice. Nous pouvons lire dans « je vois Satan tomber comme l’éclair » à la page 179 « La foi chrétienne consiste à penser qu’à la différence des fausses résurrections mythiques, qui sont réellement enracinées dans les meurtres collectifs, la résurrection du Christ ne doit rien à la violence des hommes. Elle se produit après la mort du Christ, inévitablement, mais pas tout de suite, le troisième jour seulement et, dans une optique chrétienne, elle a son origine en Dieu lui-même ».
En ressuscitant réellement et substantiellement, il devient invulnérable et se trouve toujours auprès de ses victimes que son Eglise a pour mission de défendre. A partir de cette constatation, nous pouvons en tirer de nombreuses et bienfaisantes conséquences. Ainsi la victime ne reste plus passive comme nous le révèle René Girard dans ses recherches et dans le même ouvrage cité ci-dessus : « La mort de Jésus déjoue le calcul satanique ». En effet, les rituels des sacrifices humains que l’on retrouve dans toutes les cultures et mythes se fondaient sur la violence qui n’a pas de fin, comme nous le rappelle René Girard dans son ouvrage Achever Clausewitz.
Mais si la Croix du Christ n’est plus le pivot central qui permet de mesurer la justice pour protéger les victimes, alors nous pouvons nous demander si nous ne régressons pas en faisant renaître sous une autre forme le lynchage et les jeux du cirque qui caractérisaient beaucoup de sociétés de l’antiquité. La recherche d’un bouc émissaire permettait d’assurer provisoirement la tranquillité d’une cité, ainsi que les sacrifices humains qui abaissaient la personne au rang de l’esclave.
Des signes inquiétants dans les différentes activités de nos sociétés se développent par la montée des actes de violence dans tous les milieux, et quel que soit le niveau culturel. Cette violence ne peut pas être résolue par les nombreux observatoires mis en place, et ceux qu’il faudrait encore rajouter pour mesurer la conscience pernicieuse de certains esprits, ce qui nous acheminerait vers la société décrite par George Orwell.
Ce n’est certes pas dans les laboratoires que nous pouvons résoudre ce problème. Le rappel du décalogue mérite un respect absolu, et notamment le dixième commandement qui répond à notre question, car il s’agit comme le souligne René Girard, de la convoitise ou du désir qui nous pousse à vouloir ce qui ne nous appartient pas, en nous plongeant dans une logique de violence sans fin.
Une régression dans le domaine des sciences et des droits de l’homme peut arriver si nous oublions nos racines chrétiennes en nous faisant courir le risque de nous éloigner de la Vérité que l’anamnèse proclamée par l’Eglise commémore dans son eucharistie.
Une mentalité archaïque pourrait se développer et réveiller les réflexes du vieil homme. Elle reste malheureusement en opposition totale avec l’homme nouveau.
Christian Bac
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