lundi 27 avril 2009

Goebbels, les nazis et l'Eglise catholique


Par Frédéric LE MOAL
Le Journal de Goebbels contient des informations riches et précises sur la haine des nazis à l'encontre de l'Eglise catholique.
L’histoire, on le sait, est matière à interprétations diverses et souvent opposées. La « question » Pie XII en est la meilleure illustration. C’est pourquoi il est utile de revenir directement aux documents qui constituent les sources, autrement dit la matière première de l’historien.
Arrêtons-nous sur une source essentielle : le Journal de Goebbels. Les éditions Tallandier ont lancé une entreprise éditoriale remarquable de publication du journal intime tenu entre 1923 et 1945 par ce haut dirigeant nazi et proche de Hitler. Ce texte nous entraîne dans le premier cercle dirigeant nazi et nous apporte une multitude d’informations sur la pensée, non seulement de Goebbels, mais aussi de Hitler dont les propos sont rapportés. C’est un voyage au cœur du national-socialisme.
Le tome portant sur la période 1933-1939 ne concerne pas le pontificat de Pie XII (la publication du tome 4, 1939-1943 est imminente). Toutefois, il apporte un éclairage tout à fait intéressant sur les rapports entre les nationaux-socialistes et le catholicisme en Allemagne.
Le journal abonde en attaques violentes contre le christianisme et confirme le rejet viscéral des nazis pour cette religion. Goebbels, lui-même issu d’un milieu catholique, rapporte les tirades de Kraus, « qui ne fait pas mystère de sa répulsion pour l’imposture juive de l’Ancien Testament » (p.157), et lui-même avoue ne pas supporter les « âneries sur le Christ bienfaiteur de l’humanité » (p.684). Il n’hésite pas à approuver la haine que les républicains espagnols éprouvent à l’égard « des capitalistes, des propriétaires et des curés » (p.372).
Lire la suite de cet article sur le blog consacré à Pie XII

Roman-era catacombs unearthed near Bethlehem University


Bethlehem – Ma’an – Roman-era catacombs were unearthed in Bethlehem Saturday during construction in an empty lot beside Bethlehem University.

The small underground cave system opens facing north, and held four stone coffins with engravings on each, housed in two separate dug out burial areas.

Head of Antiquates department in Jericho Wael Hamamrah estimated the artifacts, complete with skeletal remains and some pottery are between 1,800 and 1,900 years old.

Construction workers preparing to lay pipe in the yard called Palestinian tourism and antiquates police when they went to investigate the sudden collapse of earth in an area they had been digging in that morning.

The underground hall leads to two rooms, one 70x28 centimeters and the other 40x24 centimeters,

Head engineer at the site Mohammad Al-Quraji said the crew was very surprised when the earth collapsed, and stunned when they peered into the underground tombs. They left the scene untouched until antiquities experts arrived, and helped remove debris as experts investigated the site.

samedi 25 avril 2009

Communiqué du Vatican sur la déclaration de la Chambre des représentants de Belgique


L’Ambassadeur du Royaume de Belgique, sur instructions du Ministre des Affaires Etrangères, a fait part au Secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats de la Résolution par laquelle la Chambre des Représentants de son pays a demandé au gouvernement belge de « condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique et de protester officiellement auprès du Saint-Siège ». L’entretien a eu lieu mercredi 15 avril.
La Secrétairerie d’Etat prend acte avec regret de cette démarche, inhabituelle dans les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Belgique. Elle déplore qu’une Assemblée parlementaire ait cru bon de critiquer le Saint-Père sur la base d’un extrait d’interview tronqué et isolé de son contexte, qui a été utilisé par certains groupes avec une claire intention intimidatrice, comme pour dissuader le Pape de s’exprimer sur certains thèmes, dont les implications morales sont pourtant évidentes, et d’enseigner la doctrine de l’Eglise.
Comme on sait, le Saint-Père, répondant à une question sur l’efficacité et le caractère réaliste des positions de l’Eglise en matière de lutte contre le SIDA, a déclaré que la solution est à rechercher dans deux directions : d’un côté une humanisation de la sexualité, et, de l’autre, une authentique amitié et disponibilité envers ceux qui souffrent, soulignant l’engagement de l’Eglise dans l’un et l’autre domaine. Sans cette dimension morale et éducative, la bataille contre l’épidémie ne sera pas gagnée.
Alors que, dans certains pays d’Europe, se déchaînait une campagne médiatique sans précédent sur la valeur prépondérante, pour ne pas dire exclusive, d’un certain moyen prophylactique dans la lutte contre le SIDA, il est réconfortant de constater que les considérations d’ordre moral développées par le Saint-Père ont été comprises et appréciées, en particulier par les africains, par les vrais amis de l’Afrique et par certains membres de la communauté scientifique. Comme on peut lire dans une récente déclaration des Evêques de la Conférence Episcopale Régionale de l’Ouest de l’Afrique (CERAO) :« Nous savons gré [au Saint-Père] pour le message d’espérance qu’il est venu nous livrer au Cameroun et en Angola. Il est venu pour nous encourager à vivre unis, réconciliés dans la justice et la paix, pour que l’Eglise d’Afrique soit elle-même une flamme ardente d’espérance pour la vie de tout le continent. Et nous le remercions pour avoir reproposé à tous, avec nuance, clarté et pénétration, l’enseignement commun de l’Eglise en matière de pastorale des malades du SIDA ».

Le Vatican fustige la "campagne médiatique" de "certains pays"


Lu sur le site de l'hebdomadaire Le Point


Le Vatican a critiqué vendredi la résolution du Parlement belge qualifiant d'"inacceptables" les propos du pape sur le préservatif , en estimant qu'elle est fondée sur "un extrait d'interview tronqué et isolé de son contexte" et utilisé dans un but d'intimidation. La secrétairerie d'État "déplore qu'une Assemblée parlementaire ait cru bon de critiquer le Saint-Père à partir d'un extrait d'interview tronqué et isolé de son contexte", dit-elle dans un communiqué publié sur le site Internet du Vatican . Elle souligne que cette phrase a été utilisée "par certains groupes avec une intention intimidatrice manifeste, comme pour dissuader le Pape de s'exprimer sur certains thèmes, dont les implications morales sont pourtant évidentes, et d'enseigner la doctrine de l'Église".

Mercredi, l'ambassadeur de Belgique a officiellement informé le Vatican de la résolution du Parlement demandant au gouvernement de "condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique et de protester officiellement auprès du Saint-Siège", a précisé la Secrétairerie d'État, qui dirige la Curie romaine. La Secrétairerie d'État dit prendre "acte avec regret de cette démarche, inhabituelle dans les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Belgique".

Le Vatican dénonce une "campagne médiatique sans précédent"

Le pape "a déclaré que la solution est à rechercher dans deux directions : d'un côté, une humanisation de la sexualité, et, de l'autre, une authentique amitié et disponibilité envers ceux qui souffrent", selon le communiqué. Le Vatican dénonce en outre "dans certains pays d'Europe", non précisés, une "campagne médiatique sans précédent sur la valeur prépondérante, pour ne pas dire exclusive" du préservatif, qu'elle ne nomme pas. Il juge cependant "réconfortant" de constater que les propos de Benoît XVI ont été "compris et appréciés, en particulier par les Africains, par les vrais amis de l'Afrique et par certains membres de la communauté scientifique".

En route pour le Cameroun, le 17 mars, le pape avait déclaré que l'on ne pouvait " pas résoudre le problème du sida (...) avec la distribution de préservatifs " et que, "au contraire", leur "utilisation (aggravait) le problème". Le Vatican avait déjà réagi à l'initiative belge, au lendemain de son adoption, le 2 avril. Le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, avait déclaré qu'elle "provoquait la stupeur".
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petit commentaire de la Rédaction de Catholicae disputationes
Tous les hommes de bonne volonté ont ici une belle occasion de vérifier le caractère idéologique et totaliaire de la démocratie occidentale. Tous ceux qui s'opposent à son programme sont immédiatement l'objet d'une propagande inouie. Il est bien entendu que la raison première de cet acharnement contre sa sainteté Benoît XVI est la réintégration des évêques et prêtres de la Fraternité Saint Pie X dans le giron du Vatican. En effet, les positions de l'Eglise sur la question du préservatif sont connues depuis bien longtemps et personne n'attend réellement du Pape qu'il défende l'échangisme sexuel universel ! en réalité, depuis cette réconciliation, la mort médiatique de ce pape a été décidée et dorénavant, il ne pourra plus rien dire sans se voir injurier sur toutes les télévisions, radios, dans tous les grands journaux de l'Empire. reste à s'interroger sur l'origine de cette décision, à moins de penser que tous, au même moment, se focalisent sur les mêmes sujets, en disent la même chose, avec les mêmes mots, les mêmes postures souvent grotesques.
Jean Jacobie

lundi 20 avril 2009

Practitioners of the Divine: Greek Priests and Religious Officials from Homer to Heliodorus


Bryn Mawr Classical Review 2009.04.58
Beate Dignas, Kai Trampedach (ed.), Practitioners of the Divine: Greek Priests and Religious Officials from Homer to Heliodorus. Hellenic
Studies; 30. Washington, DC/Cambridge, Mass.: Center for Hellenic
Studies, 2008. Pp. xii, 285. ISBN 9780674027879. $19.95 (pb).

Reviewed by Paraskevi Martzavou, Corpus Christi Classics Center, Oxford (Paraskevi_martzavou@hotmail.com) Word count: 2352 words

Ce livre de petit format a ses origines dans un colloque international intitulé "Greek priests from Homer to Julian" qui a eu lieu entre le 25 et le 28 août 2003 au Center for Hellenic Studies, à Washington DC.
Il s'agit d'un ensemble de douze contributions autour du thème général des "prêtres grecs" (les auteurs et les titres sont présentés à la fin de ce compte rendu). Une liste bibliographique des œuvres citées et un index complètent le volume. Les contributions sont réparties en cinq sections thématiques (I: Prêtres et rituel, II: Variations sur des prêtrises, III: Représentation visuelle, IV: Concepts et leur transformation, V: Manteis--vraiment des prêtres?). Cependant, cette catégorisation est un peu fictive puisque, vu l'origine de cet ensemble d'études, divers aspects des essais qui constituent la matière de ce volume se trouvent constamment en dialogue.
Ce volume poursuit, en s'y intégrant bien, un récent courant de réflexion dans la recherche sur la religion ancienne, datant déjà d'une vingtaine d'années (voir par exemple la version en français J.Scheid, "Le prêtre", dans L'homme romain, (éd. A. Giardina), 1989, pp.73-109 d'une étude originalement en italien dans L'uomo romano(A.Giardina éd.) 1989--version anglaise dans The Romans (éd. A.Giardina), 1993, 55-84; voir aussi D. Porte, Les donneurs du sacré: le prêtre à Rome, 1989, et voir surtout M. Beard, J. North, Pagan priests; religion and power in the ancient world, 1990). Dans le cadre de cette tendance, le caractère supposé uniforme des fonctions cultuelles et rituelles des "prêtres" dans le monde ancien se trouve systématiquement remis en question; cela nous oblige à modifier sensiblement notre conception des fonctionnaires religieux dans l'antiquité, de varier les réponses à la question fondamentale de savoir ce qu'est "un prêtre" et de nuancer de manière considérable les questions concernant les tenants institutionnels du pouvoir religieux dans les sociétés anciennes. L'originalité du volume de B. Dignas et K. Trampedach, par rapport à la recherche déjà citée, est qu'il se concentre sur le milieu grec (au moins en ce qui concerne la langue de la documentation écrite): les diverses contributions tentent d'isoler divers aspects de la thématique autour des prêtres dans ce milieu et ainsi de donner une forme plus concrète à notre conception du "prêtre grec".

En guise d'introduction, la contribution d'A. Henrichs expose méthodiquement un secret qui n'en est plus un : notre compréhension de la figure du prêtre dans l'Antiquité est autant tributaire de la disponibilité et de la nature des sources que de l'idée du "prêtre" que se font chaque fois les chercheurs. Avant d'essayer de répondre à la question principale qui ouvre la discussion ("qu'est-ce qu'un prêtre grec ?"), il faudrait évaluer nos sources et garder à l'esprit que le reflet du prêtre qu'on perçoit dans les sources risque autant d'être une construction littéraire qu'une projection de notre propre conception de ce qu'est un prêtre dans les divers milieux et les divers contextes. D'où les difficultés méthodologiques et conceptuelles auxquelles nous sommes confrontés; d'où aussi le grand intérêt de la recherche sur les fonctionaires cultuels. Les divergences qui apparaissent dans l'image des magistrats religieux, à travers des études sur le vocabulaire, le rituel, les témoignages épigraphiques et les témoignages visuels, ne font qu'accentuer le besoin d'évaluer nos sources, d'opérer les clivages nécessaires dans la documentation pour une perception plus claire des aspects des fonctions religieuses dans des contextes précis. En essayant d'éviter l'usage du terme "prêtre" (un "faux ami" finalement...), la recherche menée dans ce volume se concentre sur l'illustration, à travers des études des cas contextualisés, de la fonction des fonctionnaires religieux en tant qu'intermédiaires entre la sphère divine et la sphère humaine.

Les différents degrés de participation dans le rituel sont examinés dans les contributions de Henrichs et de Chaniotis, le premier mettant l'accent sur le vocabulaire varié qui est utilisé pour désigner les fonctionnaires religieux et sur leur rapport surtout avec le rituel du sacrifice, le deuxième soulignant l'importance de l'expertise religieuse comme facteur qui permettrait d'opérer des distinctions.
Henrichs souligne que, pour une meilleure compréhension des fonctionnaires religieux dans leur contexte, il faut chaque fois respecter le caractère varié du vocabulaire grec. Chaniotis fait aussi allusion au rapport entre experts religieux et gravures de règlements religieux; ce rapport est important dans la mesure où la gravure des règlements et la gestion de l'épigraphie sont une affaire liée aux autorités officielles de la cité. Cela constitue un aspect important du rapport des experts religieux au pouvoir.

J. Bremmer en examinant, à travers le temps, le personnel cultuel de l'Artemision d'Ephèse, tente de dégager les caractéristiques plus générales de "la" prêtrise grecque : flexibilité, manipulation fréquente de la part du pouvoir, non spécialisation du point de vue de l'accomplissement de l'acte sacrificiel, ce dernier requérant peu de formation. S. Guettel Cole, à travers l'étude du personnel cultuel dans le culte de Déméter, traite le thème de la prêtrise désignée dans les sources épigraphiques par l'expression "selon les coutumes ancestrales". Les prêtresses de Déméter (car il s'agit d'un milieu surtout féminin) sont surtout considérées en tant que magistrats civiques. "La" cité offre le cadre pour la survie des lignées de prêtres qui, à leur tour, jouent un rôle actif dans la constitution des archives, essentielles pour l'image de continuité de la cité.
Comme l'étude de Chaniotis, celle de Cole fait allusion au rôle des prêtres comme agents actifs dans l'enregistrement sur pierre des "épiphanies" divines. Pour les prêtresses, on dispose maintenant du livre de J. Breton Connelly, "The portait of a priestess; women and ritual in ancient Greece" (Princeton 2007), avec une emphase sur les documents visuels.

B. Dignas, se basant surtout sur la documentation épigraphique, se demande jusqu'à quel point les prêtres de Sarapis en pays grec peuvent être considérés comme des "prêtres grecs". En échappant justement au clivage banal entre public et privé qu'elle trouve inadéquat, elle examine principalement le contexte délien, à cause de la richesse du matériel. Une remarque intéressante est celle qui souligne que le rituel exigeant des cultes égyptiens aurait impliqué un nombre considérable de personnes dans des fonctions de type sacerdotal. À ce propos, l'examen parallèle d'un autre type de documentation aurait peut-être permis d'approfondir, au sein de cette étude, les questions posées au matériel épigraphique: il s'agit de la série des reliefs funéraires attiques représentant des femmes arborant l'habit d'Isis (voir E. Walters on Attic grave reliefs that represent women in the dress of Isis). On a affaire soit à des initiées soit à des "prêtresses", mais il serait intéressant d'examiner comment cette documentation illustre la question de savoir ce qu'est un prêtre ou une prêtresse grecque. L'étude de Dignas, pleine de remarques pertinentes, aurait sans doute bénéficié aussi des observations subtiles et de la terminologie pour la recherche sur les "cultes égyptiens" hors d'Égypte proposée par M. Malaise (2005), "Pour une terminologie et une analyse de cultes isiaques" -- terminologie qui a déjà fait ses preuves.

Ensuite, U. Götter examine la question de l'autorité du souverain en tant que prêtre et de la nature de l'autorité des prêtres. Le contexte choisi est celui de l'Asie Mineure où ont cours nombre de stéréotypes sur les monarchies "orientales". À travers des études de cas qui mettent en valeur la spécificité des circonstances historiques et les particularités locales, Götter attaque et déconstruit ces idées stereotypées qui prônent que dans le territoire de l'Asie Mineure le pouvoir séculaire et le pouvoir religieux étaient généralement identiques. C'est seulement dans certains cas limités que l'autorité religieuse et le pouvoir seculaire étaient inextricablement liés, mais ce cas constituait plutôt l'exception que la règle. Dans l'étude de R.
von den Hoff, l'emphase est mise sur la documentation iconographique; les représentations des prêtres (sous forme de statues, reliefs ou images peintes) sont examinées dans la perspective de la mise en forme visuelle du prestige social. La situation n'est aucunement statique.
En choisissant comme contexte la cité d'Athènes entre l'époque archaïque et la fin de la période hellénistique, von den Hoff discerne des mutations liée à l'évolution historique plus générale, à la montée, à la transformation des élites et aussi à la concurrence entre les membres des diverses élites. L'espace participe de ce jeu de transformation. L'Acropole émerge comme un lieu particulièrement important de l'interaction entre autorités civiques, familles de notables et familles en dehors du cercle des élites, à travers la dédicace de statues de prêtres ou de magistrats religieux de moindre importance.

L'étude de M. Haake touche également le domaine des figurations en se concentrant sur l'image du prêtre qui se présente simultanément comme philosophe. Haake voit un paradoxe fondamental dans cette association et dans son étude essaie de le déconstuire. Il utilise les inscriptions pour accéder au vécu des communautés et examiner l'espace commun entre conceptions et pratiques privées et conceptions et pratiques publiques. Il conclut que, dans la réalité, il n'y avait pas de conflit entre ces deux identités puisque toutes les deux étaient liées aux aspirations des élites patriotiques des cités grecques où la combinaison des identités multiples était une habitude. Le paradoxe n'était qu'apparent (et peut-être construit par Haake lui-même:
l'étude de J. Ma, "Paradigms and Paradoxes", Studi Ellenistici 20 est confrontée au même problème).

L'étude de M. Baumbach s'attache aussi aux représentations: il prend comme problème central la représentation des prêtres dans le roman grec et notamment dans les Éthiopiques d'Héliodore. Baumbach démontre que l'image du prêtre égyptien Calasiris met en question la notion "traditionelle" du prêtre grec. Selon l'inteprétation de Baumbach, le roman des Éthiopiques participe à la concurrence générale, perceptible dans la littérature de cette période, dont le but est de diffuser le modèle le plus convaincant, celui de l'homme divin (theios aner) qui néglige les différences entre les cultures et les cultes pour proposer un modèle universel de prêtre-philosophe. Les Éthiopiques montrent ainsi leur caractère de "roman engagé" du point de vue religieux et culturel. L'article de Baumbach est naturellement en dialogue avec celui de Haake.

Flower examine la fonction et la représentation de la figure du devin dans le monde antique. L'étude de cas de la famille des Iamidai offre un contexte intéressant. Cependant, plutôt que d'essayer de rétablir l'histoire d'une famille de devins, Flower s'efforce de rétablir l'auto-représentation à la fois des Iamides en tant que famille et des membres individuels de cette famille. Il démontre que les manipulations et les stratégies de la part des individus forment un sujet beaucoup plus intéressant que le rétablissement de l'histoire d'une famille de devins. Enfin, K. Trampedach s'occupe de la figure du devin et de son rapport avec le pouvoir politique. À la question de savoir si le personnage du devin avait une véritable autorité politique, Trampendach répond par la négative, en basant sa réponse sur les poèmes homériques. Il conclut que les devins grecs n'étaient pas caractérisés par l'exclusion et l'ascétisme; ils étaient plutôt proches de la catégorie des prêtres officiels (civiques).

L'épilogue par Dignas et Trampedach dégage deux questions importantes: la première est celle des différenciations entre les divers tenants institutionnels du pouvoir religieux; la deuxième est celle de la spécificité grecque. Deux conclusions concernent, d'une part, le caractère déterminant de la nature des sources pour la construction du profil des prêtres grecs et, d'autre part, le besoin absolu d'une approche interdisciplinaire.

Cependant, vu l'ampleur chronologique, géographique et conceptuelle de ce volume, il existe une question sous-jacente à la majorité des contributions mais qui n'est, de manière curieuse, véritablement affrontée ni dans l'introduction ni dans la conclusion -- à savoir:
comment la recherche sur les tenants institutionnels du pouvoir religieux en milieu hellénophone s'inscrit-elle dans la recherche sur l'évolution historique du concept d'hellénisme? Il est évident que les divergences entre les conceptions du "prêtre" à travers les sources, à travers les régions, à travers les époques ne sont pas tributaires simplement de la nature des sources et de la géographie mais aussi de mutations au sein du concept de ce qui est "grec". En effet, il me semble que le caractère "grec" dans ce volume est pris parfois un peu trop comme allant de soi alors que, justement, dans le processus de la construction de ce caractère, il y a potentiellement un certain nombre de questions fascinantes à poser. À ce propos, les points soulignés dans diverses contributions au volume de D. Konstan et S.Said (éd.), (2006), "Greeks on Greekness; viewing the Greek past under the Roman empire", sont précieux. Le terme "grec" recouvre des réalités complexes et très variées, et la recherche sur les prêtres grecs est donc aussi (et doit être), une recherche sur l'identité et l'altérité.
En tout cas, le fait d'avoir privilegié dans le volume de Dignas et Trampedach la thématique des "prêtres" confère à ce sujet un nouveau dynamisme, d'où son caractère vraiment fascinant. Ce volume, à travers des études, méthodiquement subtiles et conceptuellement riches, réussit à rendre clair qu'il n'existe pas de réponse simple à la question de savoir ce qu'est un prêtre grec.

Table des matières:

Preface

Abbreviations

Introduction: What is a Greek Priest? Albert Henrichs

Part I: Priests and Ritual
Priests as Ritual Experts in the Greek World, Angelos Chaniotis

Part II: Variations of Priesthood
Priestly Personnel of the Ephesian Artemisium: Anatolian, Persian, Greek, and Roman Aspects, Jan Bremmer Professionals, Volunteers, and Amateurs in the Cult of Demeter:
Serving the Gods kata ta patria, Susan Guettel Cole "Greek" Priests of Sarapis? Beate Dignas Priests - Dynasts - Kings: Temples and Secular Rule in Asia Minor, Ulrich Götter

Part III: Visual Representation
Images of Cult Personnel in Athens between the Sixth and First Centuries BC, Ralf von den Hoff

Part IV: Ideal Concepts and their Transformation Philosopher and Priest: The Image of the Intellectual and the Social Practice of the Elites in the Eastern Roman Empire, Matthias Haake An Egyptian Priest in Delphi: Kalasiris as theios aner in Heliodorus'
Aethiopica, Manuel Baumbach

Part V: Manteis: Priests at All?
The Iamidae: A Mantic Family and Its Public Image, Michael Flower Authority Disputed: The Seer in Homeric Epic, Kai Trampedach

Epilogue, Beate Dignas and Kai Trampedach

Bibliography

Index

Une notule: la référence bibliographique de la page 14: Gordon 2001, 320 n'est pas incluse dans la liste bibliographique des oeuvres citées, l'ensemble du volume sinon est trés soigné.

samedi 18 avril 2009

La Résurrection, mythe ou réalité, une analyse Orthodoxe


une conférence de Bertrand Vergely
conférence publiée sur le site "orthodoxie.com"
Le 21 mars dernier, Bertrand Vergely a donnée une conférence intitulée « La résurrection, mythe ou réalité », dans la paroisse orthodoxe Saint Côme et Saint Damien (Avignon). Bertrand Vergely, normalien, agrégé de philosophie, professeur de khâgne, enseigne à Sciences Po Paris et à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris.
Podcast Audio (Durée : 81’12)
Cliquez ici pour télécharger le MP3
Pour lancer la diffusion, cliquez sur play (le carré vert). Vous pouvez également télécharger directement le fichier audio en cliquant sur le logo "podcast".

vendredi 17 avril 2009

Le sida et l'Afrique : des chiffres


Divers sites sur l'internet donnent des statistiques émanant de l'Organisation mondiale de la santé, auxquels ils ajoutent l'indication de la religion majoritaire dans chaque pays. Les explications sont en général déficientes. Les chiffres portent sur le taux d'incidence du sida sur la population adulte. Le tableau, consultable ici,indique ce taux pour les années 1991 et 2001. La colonne de gauche indique la variation sur la période considérée.
L'on remarquera une hausse important dans des pays animistes ou protestants, dans lesquelles le taux de distribution du préservatif a été le plus élevé. En revanche, dans les pays à majorité catholique, où la distribution du préservatif a été nettement plus restreinte, le sida a regressé dans la population adulte ou augmenté faiblement.
De quoi conforter ce que Benoît XVI a déclaré dans l'avion qui le conduisait au Cameroun. Il n'est d'ailleurs pas du genre à parler de ce qu'il ne connaît pas...
information transmise par Patrick Guelpa

samedi 11 avril 2009

L'embryon dans l'Antiquité


Bryn Mawr Classical Review 2009.04.15
Luc Brisson, Marie-Hélène Congourdeau, Jean-Luc Solère (ed.),
L'Embryon: formation et animation. Antiquité grecque et latine, traditions hèbraïque, chrétienne et islamique. Histoire des doctrines
de l'Antiquité classique 38.
Paris: Librairie Philosophique J.Vrin, 2008. Pp. 290.
ISBN 9782711619573. €32.00
Reviewed by Pieter W. van der Horst, The Netherlands (pwvdh@xs4all.nl) Word count: 1566 words
[Authors and titles are listed at the end of the review.]
Ever since Erna Lesky published her classic work Die Zeugungs- und Vererbungslehren der Antike und ihr Nachwirken in 1951, ancient embryological theories have remained on the agenda of historians of ancient medicine, but a comprehensive new work on the scale of Lesky's has not been published so far. For that reason it is good to have a volume in which one finds assembled a number of important essays in which developments in research since Lesky are presented.

The volume to be reviewed here contains the papers read at a conference on ancient and medieval embryology in Paris in 2005. In the opening essay, Jacques Jouanna discusses three short embryological treatises from late antiquity (two pseudo-Hippocratic, one by Alexander the Sophist) that have come to light only recently. He demonstrates among other things that these treatises often are nothing but excerpts from works in the Hippocratic corpus, but also that in one of them one finds a novel combination of a non-Hippocratic single-seed embryology with the doctrine of the four humors and their corresponding characters. In an appendix, Jouanna presents critical editions of the pseudo-Hippocratic On the Generation of Man and on Seed and of Alexander the Sophist's On the Generation of Man (the other pseudo-Hippocratic tract, On the formation of Man, had already been published by him in 2006).
Next Pierre-Marie Morel discusses the reasons why Aristotle formulates his embryological theory in constant opposition to Democritus. For instance, Democritus' pangenesis doctrine clashes with Aristotle's
teleology: "La doctrine de la pangenesis ne permet pas de comprendre la véritable nature de la semence comme possédant les parties en puissance, car ses tenants semblent croire que le corps est présent en acte dans la semence. (...) La doctrine de Démocrite est incapable d'appliquer à l'embryologie la nécessaire distinction de la puissance et de l'acte" (55-56). And Democritus' epikrateia principle assumes a much too active role of the female contribution to the formation of the embryo.
In the third chapter, Jean-Baptiste Gourinat deals with Stoic theories of the animation of the embryo. The Stoa holds that the embryo does not have a soul but is rather (like) a plant (with a 'vegetative'
breath). However, "à partir de la naissance, la nature cède la place à l'âme" (69) because by its sudden confrontation with cold air the vegetative breath is transformed into a real soul (Note the etymological wordplay psyche-psychros). This sudden transformation, however, is prepared slowly during pregnancy because the seed contains "des caractères psychiques héréditaires."
In the next chapter, Véronique Boudon-Millot discusses Galen's theory of the origins of life. She first reviews the widely differing views of his predecessors (Empedocles, Plato, Aristotle, the Stoics) and pays attention to the almost insoluble translation problems as far as terms like Greek kuêma (embryo) and embruon (foetus) are concerned.
She finally argues that in Galen's (and others') view an embryo does have life from the beginning but that is a form of life 'in potency'
that only gradually develops into life in the full sense of the word.
Stages in that development are, e.g., the beginning of heartbeat and of movements, and the final stage is of course breathing that is only reached at birth.
In the only essay in English, Ann Ellis Hanson deals with the same topic, which she calls 'the gradualist view of fetal development,' but her treatment ranges wider and surveys an impressive number of texts that advocate the idea of a 'gradual animation' of the embryo.
Fascinating is her brief treatment of magical amulets to induce a quick and easy birth (ôkytokia) in which the fetus is sometimes addressed and thus is supposed to be able to hear the spell.
Véronique Dasen contributes a fascinating chapter about twins and focuses on the debate about astrology, because the latter has often been discredited on the basis of the argument that twins never have an identical fate (see, e.g., Sextus Empiricus, Adv. Math.).
Next, Tiziano Dorandi discusses the textual history of Ad Gaurum, a work formerly attributed to Galen, but since Kalbfleisch's edition of
1895 to Porphyry. This important treatise is wholly dedicated to the question of how an embryo is ensouled, but has been preserved in only one manuscript. Dorandi traces the indirect tradition of the text in the form of quotations and paraphrases in later authors such as John Philoponus and Michael Psellus and assesses their value as textual witnesses.
Gwenaëlle Aubry also focuses on Ad Gaurum but deals only with its concept of epitêdeiotês: the embryo is said to be a plant in actu but also a living being in potency kat' epitêdeiotêta, which she translates by 'according to receptivity.' "Si l'on peut, selon Porphyre, dire de l'embryon qu'il est animal en-puissance, c'est donc en un tout autre sens que celui qu' entend Aristote: ce n'est pas parce qu'il serait capable, déja comme embryon, et à un certain stade de son evolution, de developper par lui-même les facultés distinctives de l'animal, mais parce qu'il est, à la naissance, et à terme seulement, apte à recevoir l'âme animal" (155).
The next contribution, by Bernard Pouderon, is about Aristotle's influence on the embryological theories of the early Church Fathers (Justin, Theophilus, Athenagoras, Tertullian, Clement of Alexandria, etc.). He demonstrates that a single-seed theory (Aristotle) much better fitted in with the christological and mariological interests of these Fathers than a double-seed theory (Hippocrates, Galen) which assumed an active role and important contribution of women in the embryogenesis. He also shows the consequences of the Aristotelian and other influences for the patristic views on abortion and resurrection.
It is strange that twice Pouderon says that the biblical Paradise story figures in the book of Exodus.
Marie-Hélène Congourdeau, too, like Dorandi, deals with the Byzantine reception history of Porphyry's Ad Gaurum, especially in John Philoponus (who uses it as one of his sources for opposite arguments), Michael Psellus (who by and large agrees with Porphyry), and the 14th century anonymous author of Hermippus sive de astrologia (who combats Porphyry's embryological ideas). There is some overlap with Dorandi's piece here, but only to a limited degree, for Congourdeau is more interested in the Byzantines' philosophical argumentation than in their value for textual criticism.
In the last four contributions we move outside the world of classical antiquity. Etienne Lepicard deals with the rabbinic literature of late antiquity. In this Jewish literary corpus, one will look in vain for a systematic treatise comparable to Ad Gaurum or De generatione animalium, but some of the topics raised in the Greek medico-philosophical writings on embryology are nevertheless broached in passing in rabbinic debates on religious law. It is regrettable that Lepicard does not address those rabbinic passages where one finds unmistakable influence of the Greek debates on the question of whether only males or also females produce seed and where one can see that some rabbis even developed their own variant of a double-seed theory.1
Carmela Baffioni describes how via Arabic translations of works of Aristotle, Hippocrates, and Galen, a wide variety of Greek embryological theories (including the theory of female sperm) came to the notice of Islamic scholars who adopted and modified them in the light of their religious convictions. For instance, Averroes and Avicenna created their own adaptations of Aristotle's embryology, while others relied more upon Hippocrates and Galen.
Maike van der Lugt discusses the questions concerning the ensoulment of the embryo according to Christian Medieval authors. She focuses on the 12th and 13th centuries and traces some of the important developments in this medieval discourse, against the background of ancient Graeco-Roman theories.
Finally, Jean-Claude Dupont shows how in the 17th and 18th centuries the embryological debate moves from the philosophico-theological field to that of biology, with special attention for the pioneering work of Caspar Friedrich Wolff.
This is an interesting collection of essays most of which deal competently with major aspects of ancient and medieval embryology.
Anyone interested in new developments in the research of ancient embryologies since Lesky can ignore this volume only to one's detriment. What is lacking in it, however, is a treatment of the ancient debate on the (non-)viability of seven-months' and eight-months' embryos, a discussion of biblical data, however scarce these may be (see Leviticus 12:1 and Hebrews 11:11), and a survey of the relevant material in post-biblical Jewish literature (Apocrypha, Pseudepigrapha, Philo). The book is concluded with indexes of ancient texts, authors, and subjects.
Table of Contents:
J. Jouanna, La postérité de l'embryologie d'Hippocrate dans deux traités pseudo-hippocratiques de la médecine tardive P.-M. Morel, Aristote contre Démocrite: Sur l'embryon J.-B. Gourinat, L'embryon végétatif et la formation de l'âme selon les Stoïciens V. Boudon-Millot, La naissance de la vie dans la théorie médicale et philosophique de Galien A.E. Hanson, The gradualist view of fetal development V. Dasen, Naïtre jumeaux: un destin ou deux?
T. Dorandi, Pour une histoire du texte du traité Ad Gaurum attribué à Galien Gwenaëlle Aubry, Capacité et convenance: la notion d'epitêdeiotês dans la théorie porphyrienne de l'embryon B. Pouderon, L'influence d'Aristote dans la doctrine de la procreation des premiers Pères et ses implications théologiques M.-H. Congourdeau, La postérité Byzantine de l'Ad Gaurum E. Lepicard, L'embryon dans la literature rabbinique ancienne C. Baffioni, L'embryologie islamique entre héritage grec et Coran M. van der Lugt, L'animation de l'embryon humain dans la pensée médiévale J.-C. Dupont, Un autre embryon? Quelques relectures classiques de l'embryologie antique

jeudi 9 avril 2009

Benoît XVI a reçu en audience les membres de la Commission biblique pontificale


Dans la matinée du jeudi 23 avril 2009, sa sainteté Benoît XVI a reçu en audience, dans la Salle des Papes, les membres de la Commission biblique pontificale.
Son intervention est reproduite ci-dessous
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Monsieur le cardinal, excellence,
chers membres
de la Commission biblique pontificale!

Je suis heureux de vous accueillir encore une fois au terme de votre assemblée plénière annuelle. Je remercie Monsieur le cardinal William Levada pour son adresse d'hommage et pour la présentation concise du thème qui a été l'objet d'une réflexion attentive au cours de votre réunion. Vous vous êtes à nouveau réunis pour approfondir un thème très important: l'inspiration et la vérité de la Bible. Il s'agit d'un thème qui concerne non seulement la théologie, mais l'Eglise elle-même, car la vie et la mission de l'Eglise se fondent nécessairement sur la Parole de Dieu, qui est l'âme de la théologie et, en même temps, inspire toute l'existence chrétienne. Le thème que vous avez affronté répond, en outre, à une préoccupation qui me tient particulièrement à cœur, car l'interprétation des Saintes Ecritures est d'une importance capitale pour la foi chrétienne et pour la vie de l'Eglise. 
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mardi 7 avril 2009

Scandale à Rome .... le Pape ose dire qu'il fait beau, 80 % de Français, choqués, demandent la démission du Pontife


A son retour à Rome, par une belle après-midi ensoleillée, le Pape aurait confié à une journaliste : "Il fait beau aujourd'hui !"
Ces propos ont aussitôt soulevé dans le monde entier une immense émotion et alimentent une polémique qui ne cesse de grandir.

Quelques réactions :
Le maire de Bordeaux : "Alors même que le pape prononçait ces paroles, il pleuvait à verse sur Bordeaux ! Cette contre-vérité, proche du négationnisme, montre que le pape vit dans un état d'autisme total. Cela ruine définitivement, s'il en était encore besoin, le dogme de l'infaillibilité pontificale !"

Le Grand Rabbin de France : "Comment peut-on encore prétendre qu'il fait beau après la Shoah ?"

Le titulaire de la chaire d'astronomie au Collège de France : "En affirmant sans nuances et sans preuves objectives indiscutables qu'il fait beau aujourd'hui", le pape témoigne du mépris bien connu de l'Église pour la Science qui combat ses dogmes depuis toujours. Quoi de plus subjectif et de plus relatif que cette notion de ³beau ? Sur quelles expérimentations indiscutables s'appuie-t-elle ? Les météorologues et les spécialistes de la question n'ont pas réussi à se mettre d'accord à ce sujet lors du dernier Colloque International de Caracas. Et Benoît XVI, ex cathedra, voudrait trancher, avec quelle arrogance ! Verra-t-on bientôt s'allumer des bûchers pour tous ceux qui n'admettent pas sans réserve ce nouveau décret ?
L'Association des Victimes du Réchauffement Planétaire : "Comment ne pas voir dans cette déclaration provocatrice une insulte pour toutes les victimes passées, présentes et à venir, des caprices du climat, inondations, tsunamis, sécheresse ? Cet acquiescement au temps qu'il fait montre clairement la complicité de l'Église avec ces phénomènes destructeurs de l'humanité, il ne peut qu'encourager ceux qui participent au réchauffement de la planète, puisqu'ils pourront désormais se prévaloir de la caution du Vatican.

Le Conseil Représentatif des Associations Noires : "Le pape semble oublier que pendant qu'il fait soleil à Rome, toute une partie de la planète est plongée dans l'obscurité. C'est là un signe intolérable de mépris pour la moitié noire de l'humanité!"
L'Association féministe Les Louves : "Pourquoi 'il' fait beau et pas 'elle' ? Le pape, une fois de plus s'en prend à la légitime cause des femmes et montre son attachement aux principes les plus rétrogrades. En 2009, il en est encore là, c'est affligeant !"
La Ligue des Droits de l'homme : "Ce type de déclaration ne peut que blesser profondément toutes les personnes qui portent sur la réalité un regard différent de celui du pape. Nous pensons en particuliers aux personnes hospitalisées, emprisonnées, dont l'horizon se limite à quatre murs ; et aussi à toutes les victimes de maladies rares qui ne peuvent percevoir par leurs sens l'état de la situation atmosphérique. Il y a là, sans conteste, une volonté de discrimination entre le beau, tel qu'il devrait être perçu par tous, et ceux qui ressentent les choses autrement. Nous allons sans plus tarder attaquer le pape en justice."
A Rome, certains membres de la Curie ont bien tenté d'atténuer les propos du pape, prétextant son grand âge et le fait qu'il ait pu être mal compris, mais sans succès jusqu'à présent.

jeudi 2 avril 2009

Polémiques


Benoît XVI semble déranger. En tous cas déranger Mgr Williamson. Par ses propos en effet, celui-ci a manifestement cherché à discréditer le pape, avec la complicité de journalistes, au moment où le supérieur de sa communauté cherchait à renouer des liens avec Rome. Une taupe placée là par la IVe Internationale ne se serait pas comportée autrement. Les mêmes journalistes ne sont pour le reste aucunement choqués par les mêmes propos négationnistes formulés par Mahmoud Abbas. Ils semblent donc vouloir surtout faire oublier leur soutien constant aux véritables adversaires d'Israël. Épilogue : les rabbins d'Israël déclarent que l'incident a permis de "mieux clarifier les choses", de sorte que les relations avec le pape en sortent fortifiées…(zenit.org,12.32009)

Puis ce fut l'histoire de la fillette brésilienne. Les mêmes personnes, qui ne savent pas ce qu'est une excommunication, et se moquent tant des sacrements que de leur avenir éternel, vont raconter que cette fillette a été excommuniée par l'archevêque, alors que le droit canon dit bien que ceux quiprocurent un avortement (et non ceux qui le subissent), s'excommunient eux-mêmes. (CIC, can. 1398) On aurait à la rigueur pu se demander pourquoi l'archevêque a, non décidé, mais rappelé cette excommunication automatique: la raison est évidemment la publicité faite à ce cas par une presse anticléricale. Quant aux médecins de Recife, si les grossesses de très jeunes adolescentes sont leur pain quotidien, au point qu'ils savent parfaitement y faire face sans devoir recourir à un avortement (source: http://padreedson.blogspot.com/), c'est le beau résultat d'un système politique fondé sur le positivisme d'Auguste Comte, qui a visé depuis des décennies un développement économique sans développement humain, malgré les avertissements insistants de l'Église.

Enfin la "bourde" sur les préservatifs! Vraiment, une bourde? Qu'en dit la science? La Gazette de Francfort cite le principal spécialiste de la question à Harvard: "Le Pape a raison; la distribution de préservatifs aggrave le problème du SIDA." (F.A.Z.-Archiv, 24.3.2009) Clair et net. Qu'en disent les Africains? Le Cameroon Tribune dénonce "le rapt inélégant et la parfaite imposture des médias européens et en particulier français sur cette visite", résumée en deux petites phrases "susceptibles de remuer une opinion publique formatée", donnant ainsi aux Africains l'image d'une Europe "qui nie désormais la dimension spirituelle du monde". (zenit.org, 24.3.2009) Bien! Qu'en disent les politiques? L'hebdomadaire Famille Chrétienne tire de ses archives un entretien du 12 février 2005 avec Blaise Compaoré, président du Burkina-Faso: "Certains critiquent la position de l'Église en prétendant défendre les Africains. Soit. Mais la plupart n'ont jamais mis les pieds chez nous !" Comprenons que s'ils essaient de les y mettre, cette phrase restera écrite sur leur front. Première conséquence à attendre de cette polémique: l'influence de la France en Afrique va diminuer au bénéfice des États-Unis.
(Source:http://www.famillechretienne.fr/societe/bioethique)

Quand certains laissent entendre que le pape est mal informé, ils ne se trompent pas: ils mentent. Si presque tous les États du monde entretiennent aujourd'hui des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, contre une petite moitié il y a trente ans, c'est d'abord parce que l'Église jouit, du fait des liens constants entre une Curie polyglotte et les diocèses du monde entier, d'un réseau d'information irremplaçable dont ils veulent bénéficier. Benoît XVI n'est pas un pape du Moyen Âge, attendant, pour influencer la politique d'une petite moitié de l'Europe, qu'on ait besoin d'une dispense pour mariage consanguin. Comme on comprend alors l'amertume de nos ministres! Quand ils vont à Yaoundé, la foule ne les acclame pas sur 25 kilomètres, et Israël ne prévoit pas un budget de 43 millions de sicles pour les inviter! En les voyant accuser devant un parterre de journalistes ce nouveau saint Augustin dont ils sont incapables de lire les ouvrages, comment ne pas penser à la caricature que fait Platon de la démocratie: un cuisinier qui traduit le médecin devant un tribunal d'enfants? Et, cette fois très sincèrement, beaucoup ne comprennent pas qu'un "Vicaire" ne pense pas aux élections, mais aux comptes qu'il devra rendre au maître du navire avant le prochain conclave.

Va pour l'amertume, mais pourquoi cette fureur? C'est que la doctrine officielle, ici, est la suivante: "Pour aller à Paris, prenez l'avion: il n'en tombe qu'un sur cinq, c'est insignifiant; ceux qui disent de prendre le train sont des criminels." Au fond, s'il fallait croire ce que dit le pape, les criminels, ce seraient les autres… (80%: efficacité des préservatifs d'après Weller SC, Davis-Beaty K. Condom effectiveness in reducing heterosexual HIV transmission. Cochrane Database of Systematic Reviews 2002,Issue1)

Enfin, qu'en pense-t-on à Moscou? Le nouveau patriarche Kirill 1er vient au secours du pape, plaidant pour une "éducation morale" et un "style de vie rationnel". (FAZ, ibid.) Ancien responsable des relations extérieures du patriarcat de Moscou, le patriarche Kirill est bien connu en Occident. On sait qu'à ses yeux toutes ces campagnes ne visent qu'à installer chez nous ce dont les Russes ont bénéficié pendant soixante-dix ans. L'incident ne peut donc qu'accélérer le rapprochement entre Rome et Moscou. Si on veut que Benoît XVI rencontre à Moscou le même triomphe qu'en Afrique, il faut donc continuer! On est sur la bonne voie! Prochain objectif: Jérusalem!
Jean Cachia.