mercredi 20 octobre 2010

Du Caractère surnaturel de certains éléments naturels


1.     La lumière
 La lumière, l’eau  et la terre sont des réalités matérielles  très présentes dans les saintes écritures, et  les commentaires exégétiques ne manquent pas, pour  nous renvoyer aux réalités supérieures et immatérielles auxquelles elles nous conduisent, et sur lesquelles d’ailleurs s’appuient les sacrements. C’est pourquoi nous voudrions réfléchir sur la lumière qui n’a pas seulement un aspect purement naturel.  Aussi,   pour entrer en elle,  Il est sage de relire le prologue de l’évangile de Jean 1  4-5.   « De tout être il était la vie et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pu l’atteindre »
   Cette réalité matérielle qui nous renvoie à une réalité surnaturelle n’est pas toujours reçue par l’homme de notre temps comme un  don qui est source d’émerveillement et de joie car nous restons quelquefois  en quelque sorte extérieurs, habitués voire, indifférents à cette lumière sans laquelle pourtant,  nous ne pourrions rien faire de nos yeux. C’est pourquoi Jésus donne la vue à l’aveugle né qui mieux que d’autres est capable de mesurer la puissance et la grandeur de ce geste miraculeux, première étape vers la montée sur le mont Thabor,  pour y découvrir le monde surnaturel avec les yeux de Pierre,  de Jacques et de Jean  qui eux, vont connaître la  lumière de la transfiguration.
    La vue apparaît alors comme le don de Dieu car leur capacité à voir la lumière de Dieu s’élargit, et surpasse infiniment tout ce que nos yeux sont pour le moment capables de voir. La vue et la lumière sont deux réalités indissociables car  Dieu est tout à la fois  vision et  lumière, et créateur de ces deux réalités qui atteignent leur perfection en Lui.
  Dieu nous donne la lumière et la vue car la vue sans la lumière ne sert à rien et réciproquement.  L’aveugle né attendait cette lumière qu’il demande à Jésus mais il savait intuitivement ce qu’elle signifiait, mieux que certains qui  paradoxalement se complaisent dans les ténèbres, alors que la vue qui leur a été donnée dès la naissance leur permettrait de la chercher. Nous aussi, nous devons nous mettre dans la disposition d’esprit de l’aveugle né pour mieux saisir spirituellement la Lumière qui s’incarne en Jésus.  
  Nous pouvons difficilement imaginer les impressions et sentiments que l’aveugle né a ressentis après qu’il a recouvré la vue. Sans doute est-il nécessaire de penser à la période où nous étions enfants pour mieux le comprendre, période pendant laquelle nous buvions de nos yeux le monde qui s’offrait à nous. 
  Relisons le passage de Jean 9  13 « Comment donc tes yeux se sont ils ouverts ? Il répondit :   c’est celui qu’on appelle Jésus qui a fait de la boue ; il m’en a enduit les yeux  et m’a dit : va te laver  à Siloé. Alors je suis parti, je me suis lavé et j’ai vu ». De ce passage se dégage une immense lumière qui s’inscrit dans un contexte de la vie de tous les jours structuré par des traditions et des symboles très puissants qui nous renvoient au début de la création avec la boue que Jésus applique comme un pansement ; et Siloé nous fait penser à notre baptême où nous recevons la lumière du Christ. Nous remarquons au passage que l’aveugle né a dû être accompagné pour atteindre la piscine de Siloé. Ce qui représente un effort et une démarche de foi réciproques.      
  La lumière que donne Jésus ne peut pas être atteinte par les ténèbres car Jésus est lumière, comme nous pouvons le lire dans le prologue de Jean 1, 9 : « Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde ».
 Une trop forte lumière est aveuglante ce qui effraie les disciples : « ils étaient saisis de frayeur » Marc 9,1. Et celle qui nous sera donnée par la grâce de Dieu est celle que sur le mont Thabor, les disciples ont eu le privilège de voir. Ils avaient pourtant la possibilité de voir tous les jours, en la présence de Jésus, la lumière du monde !  Sur le Mont Thabor ils étaient donc, dans un premier temps, dans la situation de l’aveugle né ou du nouveau né pour accueillir cette lumière surnaturelle. Relisons le passage sur la Transfiguration (Luc 9. 28-29) : « Or, environ huit jours après cet entretien, prenant avec lui Pierre, Jean  et Jacques, il gravit la montagne pour y prier .Et pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea, et ses vêtements devinrent d’une blancheur fulgurante ». La prière ne nous éclaire-telle pour mieux voir ? Les nombreuses prières que l’Eglise nous recommande sont lumineuses : dans le veni creator nous chantons : « Accende lumen sensibus », allume en nous ta lumière et dans le veni, sancte spiritus « envoie du ciel un rayon de ta lumière » O lux beatissima, « O lumière bienheureuse ».      
      La lumière qui nous est donnée par le soleil créé par Dieu ne devrait-elle pas nous préparer à cette Lumière du Verbe ? Edmund Burke dans son ouvrage intitulé Une enquête philosophique sur le beau et le sublime aux pages 102 et 103 nous parle de l’obscurité, une manière de nous parler indirectement de la lumière :  « la nuit s’ajoute à la peur … les pouvoirs despotiques fondés sur la peur ne montrent pas leurs chefs aux yeux du public …presque tous les temples des païens étaient obscurs…les druides faisaient leurs cérémonies au cœur des forêts les plus sombres ».Ces passages nous rappellent que Jésus est « lumière des nations ». Edmund Burke nous mettait déjà en garde contre tous les systèmes obscurantistes et oppressifs qui détruisent la liberté de voir par soi même. C’est à la lumière du jour et en public que Jésus opérait ses miracles.         
     Dans l’ouvrage de Vladimir Lossky intitulé Théologie mystique de l’Eglise d’Orient à la page 216, nous pouvons lire le passage  tiré de saint Syméon le Nouveau Théologien : « Dieu est lumière et ceux qu’il rend dignes de le voir le voient comme Lumière… elle transforme en lumière ceux qui l’ont reçu comme Lumière ». Ce passage est à rapprocher de la prophétie de Siméon  Luc 2, 29 : « Maintenant, ô Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple ». Cette lumière qu’il attendait, s’est manifestée en Jésus nouveau né, au temple où il avait espéré dans la méditation de pouvoir un jour la contempler. C’est donc par la prière, puisque Jésus était en prière sur le Mont   Thabor, que nous pouvons la recevoir pour conduire nos vies.                                                                                                                                                                                                                                                                                           Christian Bac

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