NOMO, J., L., Dieu, un dictateur converti à la démocratie ?, L’Harmattan, Chrétiens autrement, Paris, 2006.
Enfin un ouvrage sur Dieu vu à travers le prisme de la modernité ! Il est difficile d’en faire un résumé complet, mais soulignons tout de suite que l’auteur, ingénieur commercial, ancien petit séminariste, a tenté d’associé l’étude de Dieu avec le Progrès.
A l’époque de la conscience individuelle, se pourrait-il que Dieu soit encore cette divinité terrible qui pourchasse Dagon et écrase de son ire les incroyants ? Le fond du problème pour monsieur Nomo est le semblant d’opposition entre le dieu vétérotestamentaire et celui du Nouveau Testament. Yahvé serait un Dieu brutal, vengeur, presque misanthrope, donc un tyran, alors que le Christ aurait présenté un dieu aimant, capable de comprendre l’Homme et prêt à supporter le refus de son obéissance, donc un démocrate.
Ce travail est révélateur de la pensée de nombreux catholiques d’aujourd’hui qui tentent, seuls, de comprendre la complexité des textes bibliques avec les outils qui leurs sont donnés. Il n’est donc pas étonnant que toute l’étude de monsieur Nomo soit tournée afin de démontrer la conversion de Dieu au Progrès, qui serait une valeur suprême…
Pourtant, ne pensons pas que Dieu abandonnerait Ses créatures, comme un bon démocrate, Ses Lois sont bonnes pour la société humaine et doivent être respectées. A une époque brutale succède une époque de compréhension.
Dans le Décalogue, la loi du Talion est proclamée alors que dans l’Evangile selon Saint Jean, le Christ sauve une femme adultère en rappelant que tous ont déjà pêché et qu’ils ont la possibilité de se racheter. Le délinquant, une fois sa peine purgée, est apte à être réintégré dans la Cité.
Le pêcheur est alors un hors-la-loi promis à la Géhenne/prison. De fait l’enfer, serait la fin promise à ceux qui font le choix de ne pas reconnaître Dieu. De fait le Démon serait alors son collègue, ou au moins son homologue avec qui il partagerait les âmes…A un Dieu destructeur et apporteur de Déluge succéderait un Dieu conciliant et capable d’accepter le fait que ces créatures puissent lui tourner le dos.
L’auteur va même plus loin et se demande si Satan ne serait pas un autre nom de Dieu sous son hypostase brutale et tyrannique.
La principale critique que l’on pourrait reprocher à cet ouvrage est le retour de la marotte gnostique. L’auteur cite un document apologétique de la gnose produit par la loge maçonniqueFidélité et Prudence. Y est affirmé la possibilité de comprendre Dieu en dehors des Ecrits Saints. Dieu serait abordable directement par la science. Il n’est donc pas surprenant que l’auteur se sente mal à l’aise avec l’apparente contradiction des textes bibliques. Il essaye d’ailleurs d’opposer Moïse au Christ, comme il oppose le Dieu mauvais vétérotestamentaire au dieu bon du Nouveau Testament. L’auteur liquide la question eschatologique de l’Apocalypse qui est justement la reprise en main de l’Univers par Dieu et la destruction du Mal, ou encore la Bonté de la Création…
Cette obsession scientifique se retrouve également avec la conception du Christ. Comment se pourrait-il que la Vierge tomba enceinte d’un enfant de chair sans apport de chair. Dieu se serait alors matérialisé et aurait couché avec la Vierge pour donner naissance au Christ…
Je laisse au lecteur la possibilité de se faire un avis. L’auteur en tentant de s’opposer aufondamentalisme ne tombe t’il pas dans le piège de l’incompréhension de la notion du Mystère ? J’aimerai connaître son avis sur la transsubstantiation…
Nicolas Lennart
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