dimanche 27 février 2011

À propos du caractère surnaturel de certains éléments naturels


3. Le vent et le feu
    Le vent et le feu sont des éléments très présents dans les saintes écritures, et  dans le contexte de la révélation chrétienne ils nous rapprochent de Dieu. C’est pourquoi nous méditerons sur ces deux éléments de la nature qui tiennent une grande place dans la littérature à partir desquels, les écrivains se sont inspirés, et que la révélation est venue enrichir en les transfigurant.
     En effet, Moïse dont le regard va-t- être attiré par le  buisson ardent qui brûle, sans se consumer, manifeste un sentiment de crainte et d’étonnement, puisque Dieu n’a pas besoin d’un élément naturel pour alimenter le feu qu’il a créé.
    Dieu est le créateur de ces forces naturelles  qu’il commande. Ce qu’il atteste en faisant connaître son nom qui se détache totalement de ces réalités naturelles qui avaient été divinisées par le monde  païen. Ce buisson  ardent  nous élève à une réalité supérieure qui nous dépasse totalement. Ce petit buisson manifeste la grandeur de Dieu dont le caractère très humble nous émeut comme la crèche où Dieu se fait homme.
    « Je suis »  est au- dessus de tout nom, il est celui qui a commandé à l’étoile de guider les mages. Le feu de ce buisson nous invite à méditer sur  l’usage que les hommes  ont fait du feu au cours de l’histoire. La force d’une nation peut s’exprimer par sa  puissance de feu autrement dit, par sa capacité à répondre au danger dont elle peut être la victime.
   La puissance de Dieu se manifeste différemment, le buisson ardent n’est vu que  par un seul homme ; ce feu  n’est pas celui de  toute une forêt .Mais c’est de  cette humble manière qu’il entend s’approcher des hommes pour se manifester à chacun d’entre nous. Ce feu qui se manifeste sur le mont Sinaï  n’est pas un feu destructeur, il va au contraire marquer sa présence bienfaisante le jour de la Pentecôte.
      Ecoutons les saintes écritures : « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu »   Actes des Apôtres 1-2. Le bruit est ici comparé à un violent coup de vent qui révèle avec le feu,   l’Esprit Saint  qui vient visiter et habiter les Apôtres.
      Ce n’est pas le bruit des armes, ni le vent d’un ouragan qui se manifestent, mais c’est les éléments naturels bien contrôlés par le Dieu de l’univers qui nous révèlent que tous ces éléments avaient été toujours vus, avant la Chute, comme le don de Dieu. Alors nous pouvons avec les yeux de saint François contempler tous ces phénomènes naturels créés par Dieu, et développer un sentiment nouveau et  plus  profond de la nature.    
  Un autre passage de l’Evangile nous rapproche de Dieu celui  tiré de Luc 8 22 -25 alors que les apôtres pensaient ne plus pouvoir continuer à vivre : « Une bourrasque s’abattit alors sur le lac ils faisaient eau et se trouvaient en danger. S’étant approchés, ils le réveillèrent, en disant : « Maître, maître nous périssons ! » Et lui, s’étant réveillé, menaça le vent et le tumulte des flots .Ils s’apaisèrent et le calme se fit. » Le vent est sur le point de renverser la barque ce qui nous fait penser aux voyages tumultueux de Paul qui a risqué sa vie en mer. Tous ces moments difficiles liés à des problèmes matériels   nous montrent que Jésus, quelque soient nos difficultés, ne nous abandonne jamais.
   Le vent et le feu sont des éléments que nous ne pouvons pas toujours maîtriser malgré les progrès de la science ; ce qui devrait  nous inviter à regarder autrement ces forces que Dieu seul peut maîtriser totalement car il en est le créateur et nous ne sommes que ses intendants.    
                                                                                                                                                           Christian Bac

Société : le désastre de l'école républicaine


Renaud Camus qui a fondé le Parti de l'In-nocence, proposait dans une entrevue filmée une solution pour sauver l'école et la culture européenne.
Nous partageons les analyses de Monsieur Camus, mais ajouterions, que le recul du christianisme, de son ontologie, de son éthique, ne sont pas étrangers à ce désastre dont il fait un brillant constat. Nous ne doutons pas que les autorités publiques ne sont pas prêtes à entendre ce que cet homme plein de bon sens leur dit. Nous l'entendons et lui apportons notre soutien. Puisse-t-il être entendu !








samedi 19 février 2011

Le couronnement de la Vierge 1453-1454 Enguerrand Quarton


Dans le cadre de nos analyses sur la Trinité, nous renvoyons aujourd’hui Au couronnement de laVierge de Enguerrand Quarton 1453-1454.  Nous trouvons ici une présentation insolite de la Trinité, qui est à la fois un cours de théologie en images ainsi qu’une réflexion sur la Trinité et sur l’incarnation.
Quarton c

La Trinité
Les trois éléments de la Trinité sont représentés.  La première et la deuxième personnes ont des traits totalement identiques ; ils sont parfaitement symétriques. En réalité, c’est le Verbe et non le Christ,  c’est-à-dire l’incarnation du Verbe, qui est représenté. Il ne présente d’ailleurs pas de stigmates.
Inspirée par les Chartreux, cette œuvre est riche de toute la théologie de l’époque : la première et seconde personne de la Trinité sont rigoureusement identiques comme des jumeaux : il s’agit de souligner l’identité de nature entre les deux premières personnes divines : pas de différence d’âge entre la première et deuxième personne, gestes identiques, position du corps similaire.
Le saint Esprit a l’aspect d’une colombe. Elle touche de ses ailes la bouche des deux premières personnes de la Trinité. Le Filioque et la nature du Verbe, qui en découle, est un grand sujet de controverse. L’Esprit saint ne peut procéder que des deux premières personnes. Prétendre qu’il procède uniquement de la première personne peut être considéré comme  une forme de polythéisme. L’échelle des personnages et des objets, qui varie en fonction de l’importance des éléments,  permet à l’artiste de mettre en évidence les personnages principaux du Couronnement : la Vierge, la première, la deuxième personne et l’Esprit sont représentés dans le cadre d’une composition circulaire. La Vierge a une place à part, reliée au Père, au Verbe et à l’Esprit. Les anges et les bienheureux, et plus encore avec les personnages des registres inférieurs sont représentés avec une échelle différente.
L’exaltation de la Vierge.   La couronne de la Vierge est d’une grande richesse. Le manteau de la Vierge est bordé d’hermine, comme il  convient à une reine. Le manteau s’ouvre largement et assure une protection aux hommes. Elle exerce une Royauté universelle, comme on peut le voir avec les éléments qui l’entourent : anges et bienheureux, terre, purgatoire, enfers.
Le Christ en tant que tel est évoqué dans la partie inférieure. Entre ciel et terre, il y a la croix du Golgotha, qui fournit ’explication de ce qui se passe en paradis. La crucifixion est placée au dessous de la Vierge, dans le prolongement de l’axe de symétrie qui sert à représenter les deux premières personnes. Le sépulcre vide évoque la résurrection du Christ.
Michel Mazoyer
Les erreurs sur la Trinité et sur l'incarnation sont au coeur de toutes les hérésies théologiques, et l'Eglise a dû lutter en permanence contre les mauvaises interprétations qui voulaient réduire Jésus à sa seule humanité, en faisant de lui un sage, ou le réduire à sa seule divinité, affirmant e, conséquence que le Verbe est le Fils. Cette dernière affirmation conduisant bien évidemment tout droit au trithéisme : il y aurait le Père qui aurait engendré un Fils et le Saint Esprit serait un troisième individu. En réalité, le Père c'est Dieu qui est la cause première de toute chose, le Verbe, c'est Dieu qui parle et qui parlant crée, et le Saint Esprit, c'est l'Esprit de Dieu (manière de bien insister sur le fait que Dieu n'est pas une Energie spirituelle, une force, mais une personne créant librement). Cet Esprit nous est offert, si nous en voulons, et sans Lui, nous ne pourrions pas nous élever au-dessus de la nature finie contingente; or Dieu veut nous inviter à participer à sa divinité : Jésus est le premier né de cette humanité divine.
Ce tableau rend parfaitement compte de la théologie orthodoxe et n'est pas trithéiste. Marie dit "oui" à l'invitation de son créateur, elle est touchée par le saint Esprit, car elle est immaculée conception, elle n'est pas touchée par le péché originel qui n'est que notre situation adamique rebelle à l'amour divin; le manteau du Verbe de Dieu recouvre son sein, montrant qu'elle concevra de lui et non par la vertu de la semence humaine : Dieu va créer dans l'ovule de Marie, ce code génétique du nouvel Adam, par sa Parole créatrice.
Jean Jacobie 

vendredi 18 février 2011

Alain Besançon : la religion de Flaubert


Entre histoire des religions et mépris des Eglises : Une communication à l’Académie des sciences morales et politiques


Flaubert avait le sens du sacré mais le mépris des Eglises et des prêtres ! Il aborde le christianisme en historien - sa culture sur l’histoire des religions est vaste. Pourquoi la religion qui occupe une large place dans ses oeuvres, est-elle absente de l’Education sentimentale ? Alain Besançon se penche sur tous les livres de l’écrivain pour le découvrir à la fois tenté par la religion et la rejetant... et s’interroge au final : que nous dit cet auteur et ses écrits sur l’essentiel humain ?
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jeudi 17 février 2011

Les papes et l’Islam, Les papes de l’Islam


Père Michel Lelong, Les papes et l’Islam, Les papes de l’Islam,41IiGEVUJ4L__SS500_
Koutoubia, Paris 2009, ISBN 9 782753 804074. 18, 90 €.
le livre du Père Michel Lelong est en vente sur notre site dans la rubrique "lectures proposées".

L’idée qui  organise le livre est que les relations conflictuelles entre l’Islam et l’Occident ne sont dues qu’à des incompréhensions mutuelles. Même s’il a existé à certaines époques et dans certains contextes d’étonnantes rencontresLe livre est d’une grande richesse et contient de nombreux documents d’une grande importance. On lira notamment avec les pages qu’il consacre aux écrits et aux déclarations de Benoit XVI sur la question.
Le père Lelong justifie totalement la mise en œuvre de  l’œcuménisme  actuelle et les tentatives de rapprocher les différentes religions. Il justifie notamment la rencontre d’Assise en expliquant seulement que la finalité n’a pas été suffisamment explicitée. A plusieurs repriseil souligne que le Vatican n’a jamais tenté de réaliser un syncrétisme entre les religions.
On sait que l’œcuménisme est au centre du débat entre la Fraternité saint Pie X et l’Eglise conciliaire. On rappellera quelques-unes des analyses de la Fraternité saint Pie X[1] :
Les trois religions monothéistes en dépit de leur origine commune se contredisent nettement. Pour deux religions, le dogme de la Trinité est compris comme étant un blasphème. L’incarnation de Dieu et celle de la divinité de J. C. est un blasphème.
Comment admettre que Dieu aurait livré aux hommes des révélations différentes et successives ? Donc une des religions est vraie, les deux autres sont faussesC’est en vain qu’on prétend échapper à l’enseignement du Christ. Les juifs et els musulmans refusent farouchement la divinité du Christ. Ceux qui refusent le Christ ne peuvent honorer le Père qui l’a envoyé.
On passe donc sous silence, les désaccords irréductibles entre les trois religions au nom de l’impératif œcuménique. Or l’expression monothéisme est une expression globalementfausse qui crée l’illusion d’une unité là il y a désaccord profond. L’  Eglise conciliaire a fondé ses espoirs sur l’obtention de la paix avec comme base le socle de la réconciliation entre les trois religions monothéistes. C’est une illusion totale et la paix ne sera jamais obtenue en dehors du Christ ; de plus ce faux œcuménisme a provoqué des dégâts considérables au sein de l’Eglise.
Le débat.
On voit donc que sur cette question la position du Père Lelong s’oppose frontalement à celle de beaucoup de « traditionalistes » qui s’appuient fortement sur cet enseignement qu’hors de l’Église, il n’y a pas de salut. Toute l’ambigüité volontaire de cette formule apparaît dès lors qu’il est admis que l’Église mystique, le Corps du Christ, n’a pas les mêmes frontières que l’Église temporelle. Par ailleurs, l’ignorance de l’Islam, où se trouvent la majorité des catholiques, mais également l’histoire des invasions arabes et des croisades, ne peuvent que nourrir les fantasmes. Le Père Lelong s’appuie quant à lui sur une grande connaissance de l’Islam qu’il a fréquenté de près depuis bien longtemps, ce qui, reconnaissons-le, lui donne une certaine légitimité pour en parler raisonnablement… De plus, depuis les attentats du « World-trade-Center »les musulmans sont suspectés collectivement de soutenir le terrorisme, ce qui ne fait que raviver les défiances. Il est donc important que des catholiques restent charitablement hors de la mêlée, et se gardent d’épouser les humeurs contradictoires du monde, ce qui suppose un certain courage, tant il est vrai qu’il est périlleux de penser librement dans notre société.
Nous pensons comme l’abbé Michel Lelong que le refus de ces fantasmes, plus ou moins guidés par les diverses propagandes qui voudraient prendre le contrôle de nos pensées,sont la marque d’un cœur ferme et que telle doit être la position du catholique ; il doit refuser de se laisser aller aux vieilles injonctions du cerveau animal contre lequel nous devons lutter. Il est donc juste de vouloir la paix, la justice et ainsi faisant de vouloir connaître l’autre pour ce qu’il est et non pour ce qu’on voudrait s’imaginer qu’il est. L’abbé Lelong qui s’est consacré à cette mission depuis bien longtemps peut donc trèslégitimement parler du monde musulman. Il est également légitime de vouloir mettre en évidence ce qui nous rapproche de cette religion ; pourquoi faudrait-il toujours ne porter notre attention et ne donner d’importance qu’à ce qui divise, nous oppose ? C’est là une manière désastreuse d’entamer un dialogue ! Pourquoi donc les oppositions, les divergences seraient-elles plus importantes, plus déterminantes que  les similitudes ? Cette pente psychologique de l’esprit humain, qui se nourrit de la volonté de puissance, nourrit les querelles et conduit à l’enfermement. Tout cela est bien stérile et fort éloigné du Sermon sur la Montagne. Nous devons être des artisans de paix et ne pas contribuer à attiser ces haines qui conduisent à la guerre. Il suffit pour cela d’ouvrir les yeux : ceux de l’intelligence du cœur, ceux de l’esprit.
Pour autant, il n’y a pas non plus de dialogue fructueux si la parole est retenue par des considérations étrangères à la recherche de la vérité. Il y a donc, dans le souci louable de rencontrer l’autre avec un cœur ouvert, le risque, par une peur excessive de le blesser, de ne plus oser lui dire le fond de notre pensée, de ne plus oser aborder les points de divergences – ce qui est au demeurant une forme subtile de la suspicion, un manque de confiance en l’intelligence de l’autre. En ce sens le syncrétisme est le danger qui guetteles âmes de bonne volonté, une faiblesse possible de celui qui veut tisser des relations amicales ; mais encore une fois, l’amitié suppose la vérité. Or, après le Concile, on a vu bon nombre de catholiques glisser sur cette pente, même dans le haut clergé. Cela fut rendu d’autant plus surprenant, pour ne pas dire choquant, que les catholiques traditionnalistes étaient étrangement exclus de ce dialogue ; on aura ainsi vu des pèlerinages de fidèles célébrer des messes sous la pluie devant des cathédrales et églises fermées à double tour, alors que des musulmans y étaient régulièrement invités à venir y célébrer leur culte.
Or, justement le Père Lelong avance avec prudence en évitant tous ces écueils ; ce qui manifeste bien évidemment la justesse de son entreprise.
L’idée du Père Lelong est donc que l’Islam ne représente pas un authentique danger, ainsi qu’on veut à tout prix nous le faire croire depuis quelques années, et qu’il n’est pas intrinsèquement pervers au contraire du communisme qui fut bien peu critiqué par le clergé français ces quarante dernières années.
L’idée de la Fraternité St Pie X est que l’Islam n’est dangereux qu’en raison de nos faiblesses. Ce qui est justeLœcuménisme non charitable, qui conduit au relativisme, est autodestructeur, il manifeste moins de la charité qu’une coupable faiblesseCe qui est évident, comme l’affirme avec insistance le Père Lelong, est que toute discussion  avec l’Islam ne peut s’enraciner que dans la tradition, dans une connaissance préalable du dogme et des textes fondateurs du catholicisme et dans la liturgie séculaire.
On voit donc que ces positions sont loin d’être contradictoires.
On terminera ce petit propos en revenant sur le procès médiatico-juridique instruit contre certains musulmans : Si l’immigration massive est d’abord de la responsabilité de ceux qui dirigent depuis 40 ans notre pays, comment peuvent-ils prétendre aujourd’hui interdire à des musulmans de pratiquer leur religion et de se vêtir comme bon leur semble?Comment admettre la liberté pour les citoyens de s’habiller de la manière la plus extravagante et ne pas reconnaître le droit de porter un voile ? Car enfin, le voile était porté par les femmes catholiques, notamment en Bretagne, il y a encore 50 ans ; les religieuses portaient encore le voile avant le Concile … la mini-jupe ou le « top less » sont de tradition beaucoup plus récente dans notre pays et ne semblent susciter aucun émoi particulier.

MICHEL MAZOYER
PAUL MIRAULT
[1] Voir le dernier article de labbé de Cacqueray, dans Le Sel de la Terre n° 71, 2009-2010, pp.30-45.

Ultime confidence d'Ignace de Loyola dans le "Récit" Dieu à volonté


AUMONT Michèle
Coll. Ouverture philosophique
L'Harmattan
ISBN : 978-2-296-11302-2 • février 2010 • 218 pages
Prix éditeur : 20,50 €  (en vente sur notre site dans la rubrique Lectures proposées)

Cet ouvrage analyse et développe l'ultime "déclaration" qui clôt le "Récit" (autobiographique),  consenti par Ignace de Loyola à  ses Compagnons, un an avant sa mort, et achevé à Rome, le 20 octobre 1555. Ce texte a été révélé à Michèle Aumont comme un legs du fondateur de la Compagnie de Jésus à sa postérité, d'une haute portée spirituelle, mais aussi stratégico-politique et ecclésiale, détenant même peut-être plus qu'un soupçon de prophétisme. 

dimanche 6 février 2011

yves Chiron : Urbain V


A l’occasion de 7e centenaire de la naissance d’Urbain V, Yves Chiron nous propose une monographie consacrée à l’un des derniers papes français d’Avignon. Né au château de Grizac en Lozère, Guillaume Grimoard a connu une  destinée exceptionnelle. N’étant ni évêque, ni cardinal, il sut se maintenir au-delà des coteries.
Elu Pape en 1362, il créa  l’Université de Cracovie, en 1364. Il accord a la création de l’université qui comprend toutes les disciplines, sauf la théologie, le pays ne disposant pas assez de professeurs de théologie.  La première faculté de théologie en Pologne ne sera érigée qu’en 1397 à Cracovie par le pape Boniface IX. Par ailleurs Urbain V réforme le clergé, combat le népotisme et la simonie. Il relance le pèlerinage d’outre mer pour secourir les chrétiens de Terre sainte, développe de nouvelles missions. Quand on souligne l’attachement d’Urbain V à la croisade, il ne faut pas envisager celle-ci comme une sorte de revanche ou de guerre sainte menée contre l’Islam. Il s’agit de porter l’Evangile à l’Est du monde connu (p.195). Urbain V est associé également à de nombreuses réalisations architecturales.
Urbain V fut confronté à la guerre de cent ans et à la peste noire qui décima l’Europe. Il affronta aussi une crise de civilisation. La chrétienté et l’idéal chevaleresque se « fissurent » (p.7 et 8).
La conversion de l’empereur de Constantinople lors du séjour d’Urbain V est un événement majeur du pontificat d’Urbain. Mais Yves Chiron a soin de nous rappeler que ce serait un anachronisme de penser qu’Urbain V est un pape « œcuméniste ». L’auteur préfère à juste titre utiliser le terme d’« unioniste » à son égard. Il est soucieux, comme ses prédécesseurs, de ramener les orthodoxes à l’obéissance (p. 263).  L’attitude d’Urbain IV à l’égard des Juifs d’Avignon retient aussi notre attention.  S’inscrivant dans la politique de ses prédécesseurs  il est intervenu  en faveur de ceux-ci par l’intermédiaire  d’une bulle dont on fait rarement mention aujourd’hui. Il définit un certain nombre de protections dont ils doivent faire l’objet (p. 106-109).
Il fut le seul pontife avignonnais à être béatifié.
Comme à son habitude Yves Chiron, nous propose une monographie claire et accessible à tous, qui est capable de susciter l’intérêt du lecteur, un intérêt qui ne se dément pas au cours de la lecture. Le livre s’adresse à un public large et varié.
Michel Mazoyer