Nous pouvons lire dans un passage de l’ouvrage de Mr René Girard intitulé Achever Clausewitz à la page 123 « Mais l’objet des prohibitions et des sacrifices rituels, qui visaient à calmer la colère du dieu, étaient bien de maintenir la violence en dehors du groupe. Je pense ainsi que les deux grandes institutions de la religion archaïque, les prohibitions et le sacrifice, ont joué un rôle essentiel dans le passage des sociétés pré- humaines, en empêchant précisément les hominidés de se détruire » .Ce qui nous amène à revenir au livre de la genèse pour nous remettre en mémoire le sacrifice d’Abraham et y réfléchir Genèse 22 -11 L’ange dit : « N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ».
Cet événement marque un grand moment dans l’histoire des hommes qui sont appelés à dépasser le sacrifice humain pour s’orienter vers une humanité nouvelle, inaugurée par le sacrifice sur la croix de Jésus Christ pour faire écho à son Père qui, par la parole de l’ange avait manifesté le rejet de la violence tout en annonçant ainsi à des siècles de distance, le massacre des saints innocents.
Nous pouvons constater que cette violence est toujours présente et que malheureusement de nombreux génocides ont eu lieu et que beaucoup de Chrétiens à travers le monde se font sauvagement assassiner. Mais, quelque chose a radicalement changé avec la proclamation des Béatitudes suivies du sacrifice sur la croix de Jésus qui met un terme à la violence, par la violence elle-même ; afin d’épargner la vie de tous les hommes ; tentés de se venger et de faire le mal en commettant directement ou indirectement des sacrifices humains, par une régression des mœurs et de la pensée.
Nous sommes appelés à dépasser le vieil homme. L’homme nouveau met un temps infini à s’affirmer et comme l’a rappelé Mr René Girard dans un de ces propos il n’y a pas de limites à la violence. Nous pouvons en déduire qu’il fallait un homme d’une puissance infinie pour manifester et affirmer avec la force des Béatitudes, la Vérité sur l’homme que le péché des origines a plongé dans un abîme de violence.
Les Béatitudes nous font espérer un monde nouveau que l’Eglise par le canal de la Grâce continue à proclamer. La violence se manifeste par le feu et les armes « Il prit lui-même en mains le feu et le couteau » comme Jésus lui-même prit sa croix. C’est à ce prix que nous allons à la rencontre du prince de la Paix. Ces Béatitudes s’inscrivent dans un contexte où la Raison joue un rôle essentiel.
Les artisans de Paix ne peuvent absolument pas s’installer dans un confort intellectuel car dans ce cas précis ils ne sont plus des artisans car nous connaissons bien tous les efforts accomplis par un authentique artisan. Le Christ lui-même n’a-t-il pas été charpentier ? Ces efforts sont des sacrifices à faire, dans le désert où la faim et la soif nous attendent.
Les insultes, les persécutions et la diffamation continuent à sévir dans le monde et nous pouvons constater comme le fait René Girard à propos de Hegel « Clausewitz témoigne de façon plus réaliste que Hegel, de l’impuissance foncière du politique à contenir la montée des extrêmes. Les guerres idéologiques, justifications monstrueuses de la violence, ont en effet mené l’humanité à cet au-delà de la guerre où nous sommes aujourd’hui entrés. » Page 352.
En effet, nous ne sommes pas en guerre mais nous ne sommes pas en Paix non plus.
Les Béatitudes représentent la montée en puissance da la vérité qui s’exprime par le Logos plus fort que tous les discours qui ne s’appuient pas sur la croix du Christ et refusent de voir les racines chrétiennes de notre histoire.
Les Béatitudes marquent incontestablement un progrès immense dont nous n’avons pas encore mesuré la force. Elles méritent d’être attentivement étudiées et méditées par tous, pour susciter en chacun d’entre nous l’indispensable espérance.
Relisons les béatitudes avec le cœur de saint François d’Assise. Ecoutons la douce voix de sainte Thérèse de l’enfant Jésus et celle de mère Térésa nous les proclamer.
Comment ne pas penser qu’il s’agit bien des clés dont nous avons besoin à un moment où on recherche dans l’urgence, des solutions contre le « stress » ou le harcèlement dans le monde du travail ?
L’enseignement et le système hospitalier ont été structurés par les Béatitudes. En effet, il n’est pas possible de traiter un malade sans s’y référer ; l’enseignant trouve dans les béatitudes plus qu’un programme et plus qu’un règlement scolaire. L’alphabétisation des jeunes nécessite tout ce qui est contenu dans les Béatitudes pour qu’ils puissent porter des fruits et se développer harmonieusement.
Christian Bac
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