mercredi 3 juin 2009

ELOQUENCE ET VERITE


La Vérité doit-être l’objet et le but de la rhétorique selon Platon. Nous savons la place et l’importance que l’éloquence a toujours occupée dans l’histoire de la pensée. En effet Moïse manifeste à Dieu son incapacité à s’adresser à son peuple : « Moïse dit à Yahvé Excuse moi mon seigneur, je ne suis pas doué pour la parole , ni d’hier ni d’avant-hier , ni même depuis que tu adresses la parole à ton serviteur, car ma bouche et ma langue sont pesantes .Yahvé lui dit Qui a doté l’homme d’une bouche ? Qui rend muet ou sourd clairvoyant ou aveugle ? N’est ce pas moi , Yahvé ? Va maintenant je serai avec ta bouche et je t’indiquerai ce que tu dois dire » Exode 4 10,13 . 

Saint Paul dont la pensée a été nourrie par un travail considérable et indépassable mené par Aristote, Isocrate, Platon enfin, Quintilien et Cicéron, tous deux professeurs de rhétorique , met pourtant en un premier temps, l’éloquence au second plan de ses préoccupations car la révélation manifeste une telle puissance qu’elle se suffit à elle-même. Voici les paroles de saint Paul : « Moi-même , je me suis présenté à vous faible , craintif et tout tremblant, et ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse ; c’était une démonstration d’Esprit et de puissance , pour que votre foi reposât , non sur la sagesse des hommes , mais sur la puissance de Dieu » Corinthiens 2 3 ,5
Cependant Il faut noter qu’il s’adresse avec beaucoup de sagesse et d’éloquence devant l’Aréopage d’Athènes écoutons le : « Athéniens ? à tous égards vous êtes, je le vois les plus religieux des hommes. Parcourant en effet votre ville et considérant vos monuments sacrés, j’ai trouvé jusqu’à un autel avec l’inscription : Au Dieu inconnu Eh bien ! ce que vous adorez sans le connaître, je viens, moi , vous l’annoncer » Actes 17 22,24.
  L’éloquence s’inscrit dans le contexte de la rhétorique qui a été , est ,et restera toujours un enjeu très important car elle est au cœur de la vie de l’esprit .Elle reste le cadre indispensable de la réflexion qui s’élabore à partir d’outils grammaticaux rattachés à la logique du Réel et de l’intelligence humaine. La rhétorique se manifeste dans tous les domaines des sciences et c’est à l’épreuve de la Vérité qu’elle peut réellement s’affirmer.
La classification d’Aristote en ce qui concerne les trois techniques oratoires -- le délibératif orienté vers le Bien ,le judiciaire au juste ,enfin le démonstratif au BEAU-- reste vraie car en effet , quelle est l’activité intellectuelle qui puisse se passer du Bien du Juste et du Beau sans courir le risque de nous entraîner vers l’erreur ou des raisonnements spécieux ?
Nous savons la lente maturation de l’éloquence au sein de la rhétorique qui s’est développée depuis les temps anciens puis avec saint Augustin , professeur de rhétorique qui a mis ses connaissances de la langue au service de la révélation chrétienne et saint Jean Chrysostome , illustre pour ses homélies. Enfin le XVII EME siècle français a vu Bossuet enrichir l’art oratoire. 
Un phénomène unique dans l’histoire littéraire s’est produit à cette époque : la recherche stylistique pour atteindre la perfection s’est par exemple manifestée chez Jean Racine .Cette perfection n’aurait pas pu s’épanouir sans la civilisation gréco-latine couronnée par la révélation chrétienne.
Herbert Marshall McLuhan dont la thèse soutenue en 1942 portait sur la rhétorique nous rappelle dans son œuvre son importance . Elle existait il est vrai, en classe de lycée dès la classe de première permettant une plus large liberté d’expression.
Christian Bac

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