jeudi 22 septembre 2011

A propos du linteau de l’abbaye romane de Saint-Genis et son inscription romane


Présentation générale
On se référera au fascicule de Louis Bourlet et Raymond Barde  L’abbaye romane de Saint-Genis, que l’on dit « des Fontanes », juin 2009.
Il s’agit du plus vieux monastère du Roussillon. Sa fondation remonte aux années 780-790. Une Charte de Louis le Pieux, signée en 789, affirme que le monastère appartient bien à un dénommé Sentimir. Il est bâti en l’honneur de Saint-Genis, au lieu dit des « Sources/Fontanas » et qu’il est bien propriétaire de toutes les propriétés entrées dans son patrimoine.
Le linteau de Saint-Genis est la plus ancienne pierre romane datée connue. Elle date de 1019-1020. Dans la partie supérieure, au-dessus du Christ, placé dans une mandorle, on trouve deux lignes en latin indiquant les circonstances de la réalisation de la sculpture. 
003AbbayeStGenisDesFontaines L’inscription
Anno videsimo quarto regnante rotberto rege willelmus gratia dei aba ista opera fieri jussit in honore sancti genesii cenobii que vocant fontanas. 
La vingt-quatrième année du règne du roi Robert, Guillaume, abbé par la grâce de Dieu, commanda cette œuvre en l’honneur du monastère de Saint-Genis que l’on appelle des Fontaines. 
On relève, dans cette inscription, un certain nombre de traits spécifiques propres au latin tardif. :
Videsimo est utilisé à la place de vicissimo, avec palatalisation de la gutturale g.
La dentale T se trouve devant la labiale dans ROTBERTO.
L’emploi de ISTA annonce l’article propre à l’espagnol.
QUE est mis pour QUAE et offre, ainsi, un exemple de la disparition de la déclinaison.

L’iconographique (communication du Professeur Lasagna) 
 L’image représentée est celle du Christ  crucifié. Les deux  personnages sont à droite saint Jean, à gauche la sainte Vierge ;  les deux personnages montrent leur douleur, la Vierge  en se battant la poitrine, Saint Jean  par les mains croisées sur sa poitrine. Le Christ tourne ses yeux vers sa  Mère pour exprimer les paroles : Mère, voici ton fils (c’est-à-dire  Jean).

L’image du  linteau. Elle se réfère à  l’Apocalypse, surtout au chapitre 21. Le Christ est le juge du jugement  dernier, 6,7-8 (alpha et oméga 6,6), dans la main  il tient le livre des sept sceaux  (chap. 5-6), la mandorle est double parce qu’il a la nature divine et la  nature humaine. Les six personnages autour de lui sont des apôtres, on peut  supposer qu’à l’origine il y avait deux autres panneaux, l’un à droite et  l’autre à gauche pour entourer l’autel, et donc le total devait être de 12  apôtres. Les apôtres sont placés dans un édifice (les piliers et les arcs)  qui est la Jérusalem céleste. Le seul apôtre qu’on peut distinguer des  autres est celui qu’on voit prés du Christ à gauche : c’est saint Jean,  l’auteur même de l’Apocalypse : il est figuré appuyant son visage à sa  main, c’est un topos iconographique pour saint Jean comme l’auteur de  l’Apocalypse et en général pour ceux qui sont en train d’avoir une vision  (toute l’Apocalypse est imaginée comme une vision, 1,9-10…). Il est possible  qu’un de ces personnages représente en même temps l’abbé. 
Le Christ est doté des stigmates de la passion et d’une barbe qui évoque, elle aussi, le moment de la passion. C’est une image assez répandu en Occident. Inversement dans la tradition byzantine le Christ est souvent représenté imberbe. On connaît un christ imberbe à l’époque mérovingienne dans le crypte de Jouarre. On considère que c’est en emprunt à l’art byzantin.
Le linteau est sans doute un antependium, destiné à être placé à l’intérieur du monastère, devant l’autel. Il a, toutefois, été réutilisé comme parement et remplacé devant l’autel par un tableau de bois.

Saint Josemaria dans un film de Roland Joffé


Roland Joffé, metteur en scène de "Mission" et "La déchirure" vient de réaliser un film dont l'un des héros est le fondateur de l'Opus Dei. Il explique son travail dans une interview donnée à l'agence Zenit.

http://www.opusdei.fr/art.php?p=42476

Roland Joffé, metteur en scène anglais rendu célèbre grâce à "Mission" et "La déchirure", vient de terminer un nouveau film intitulé en anglais "There Be Dragons". Il aborde des questions comme la sainteté et la trahison, l'amour et la haine, le pardon et la violence, la recherche d'un sens à la vie.
L'action se déroule principalement pendant la guerre d'Espagne, et plusieurs histoires s'y trouvent mêlées : celles de soldats révolutionnaires, d'un journaliste, de son père, de saint Josémaria lui-même.

Le film sortira en Espagne le 25 mars 2011, et le 6 mai au Etats Unis.

Roland Joffé a donné une interview à l'agence de presse Zenit, dans laquelle il explique la genèse de son projet. Le site web de saint Josémaria reprend cette interview, illustrée de photos du film. 

mercredi 21 septembre 2011

Bettý


d'Arnaldur Indridason, le maître du polar islandais
Traduction Patrick Guelpa
Résumé du livre
Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s'avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister. Ensuite, que s'est-il passé ? Je n'avais pas envie de ce travail, de cette relation.J'aurais dû voir les signaux de danger.J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait.J'aurais dû ...J'aurais dû ...J'aurais dû... Maintenant son mari a été assassiné et c'est moi qu'on accuse. La police ne cherche pas d'autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable. Un roman noir écrit avant la série qui fit connaître le commissaire Erlendur.
EAN13 : 9782864248453
ISBN : 978-2-86424-845-3
Éditeur : Métailié
Date Parution : 27/10/2011
Collection : Noir
Dimensions : 22 x 14 x 1 cm
sortie prévue : 27 octobre 2011

samedi 4 juin 2011

Le jardin, un sujet philosophique


Après avoir évoqué la pensée de Lucrèce née de la contemplation de la nature, nous proposons un passage de la communication de Mauro Lasagna lors des Journées universitaires de Hérisson (jui 2010)
Le jardin, un sujet philosophique.
D’après Sénèque, la contemplation de la nature prouve l’existence de Dieu, epist. 41, 3 :
Si tibi occurrerit uetustis arboribus et solitam altitudinem egressis frequens lucus et conspectum caeli ramorum aliorum alios protegentium <prouentu>summouens, illa proceritas siluae et secretum loci et admiratio umbrae in aperto tam densae atque continuae fidem tibi numinis faciet. Si quis specus saxis penitus exesis montem suspenderit, non manu factus, sed naturalibus causis in tantam laxitatem excauatus, animum tuum quadam religionis suspicione percutiet.
« Si tu arrives devant une futaie antique d’une hauteur extraordinaire, bois sacré où la multiplication et l’entrelacs des branches dérobent la vue du ciel, la grandeur des arbres, la solitude du lieu, le spectacle impressionnant de cette ombre si épaisse et si continue au milieu de la libre campagne te feront croire à une divine présence. Cet antre tient sur des rocs profondément minés une montagne suspendue ; il n’est pas de la main de l’homme ; des causes naturelles ont créé l’énorme excavation : le sentiment d’un religieux mystère saisira ton âme ».
Mais la description d’un tel paysage passe à travers l’image bien connue des parcs romains, où la beauté, la magnificence de l’ensemble et son caractère «naturel » sont créés par l’artifice, cf.specus… non manu factus. Et les lieux qui offraient aux hommes des plaisirs simples et purs, une représentation de l’âge d’or d’après Sénèque, ne sont que le contraire des jardins trop artificiels que Sénèque blâmait, epist. 90, 43 :
Non habebant domos instar urbium. Spiritus ac liber inter aperta perflatus et leuis umbra rupis aut arboris et perlucidi fontes riuique non opere nec fistula nec ullo coacto itinere obsolefacti, sed sponte currentes et prata sine arte formosa, inter haec agreste domicilium rustica politum manu : haec erat secundum naturam domus, in qua libebat habitare nec ipsam nec pro ipsa timentem.
« Ils n’avaient pas de maisons spacieuses comme des villes. Le grand air libre, circulant à ciel ouvert, l’ombre inoffensive d’un rocher ou d’un arbre, des fontaines limpides, des ruisseaux que n’avaient déshonorés ni travaux de maçonnerie, ni conduits, ni direction forcée, mais qui couraient à leur convenance, des prairies belles sans rocailles et, au milieu de tout cela, un agreste logis, chef-d’œuvre d’une main rustique : telle était la maison conforme à la nature, dans laquelle il plaisait d’habiter, sans la craindre et sans craindre pour elle ».
Le jardin est bien un moyen idéologique pour expliquer la pensée philosophique et pour donner à l’élève, Lucilius, des enseignements moraux, mais il devient aisément aussi un prétexte pour la diatribe. D’ailleurs, l’art des jardins et surtout l’amour des Romains riches et raffinés pour les jardins somptueusement élaborés par l’ars topiaria se prêtaient merveilleusement aux critiques des moralistes, possédant des traits qui sont souvent stéréotypés. Lucrèce, à l’intérieur de sa polémique contre le luxe, au commencement du livre 2, oppose la richesse surabondante des maisons à la vie simple et sûre du sapiens dans la nature[1], la « nature » étant décrite par les traits du jardin, par des vers qui sont les mêmes, très peu variés, que ceux que Lucrèce avait réservés aux hommes primitifs (cf. 5, 1392-1396), 2, 29-33 :
cum itaque inter se prostrati in gramine molli,
propter aquae riuom, sub ramis arboris altae,           30
non magnis opibus iucunde corpora curant,
praesertim cum tempestas adridet, et anni
tempora conspergunt  uiridantis floribus herbas.
« [Il nous suffit de moins], étendus entre amis sur un gazon moelleux, au bord d’un ruisseau, sous les branches d’un grand arbre, de pouvoir sans grand frais nous donner du plaisir, surtout quand le ciel nous sourit, et que la saison brode de fleurs les herbes verdoyantes ».
Les parcs servaient aux riches propriétaires pour se promener et se relâcher. Dans la lettre 114 Sénèque blâme très sévèrement tous les aspects de la vie et de l’œuvre de Mécène : il suffit à Sénèque d’un seul mot, ambulauerit, pour critiquer de façon élégante, et aussi ironique, l’ampleur et la richesse des célèbres jardins de Mécène, epist. 114, 4 :
Quomodo Maecenas uixerit, notius est quam ut narrari nunc debeat, quomodo ambulauerit, quam delicatus fuerit, quam cupierit uideri, quam uitia sua latere noluerit.
« On connaît trop pour qu’il soit besoin à cette heure de la raconter, la façon de vivre de Mécène, son allure à la promenade, ses raffinements, son péché mignon – se faire voir –, sa répugnance à tenir cachés ses vices. »


[1] Pour le coté philosophique cf. Monet, Annick (éd.),  Le jardin romain : épicurisme et poésie à Rome, Mélanges offerts à Mayotte Bollack, Actes du colloque « Philodème et Lucrèce : l’épicurisme et la culture littéraire à Rome au 1er siècle avant notre ère », Lille, septembre 2000, Villeneuve-d’Asq, Éd. du Conseil scientifique de l’Université Charles-de-Gaulle-Lille III, 2003 .
Mauro Lasagna (Académie Nationale Virgilienne,  Mantoue)

mercredi 11 mai 2011


Nous laisserons de côté le « Santo subito » ou «  le piu tarde » pour montrer que l’Eglise dans ses choix fondamentaux restera toujours inspirée par l’esprit saint. Nous avons eu un pape, en la personne de Jean Paul ll qui au cours de son long pontificat, a fait béatifier et canoniser de nombreuses personnes, pour les élever à l’honneur des autels. Ce qui devrait nous aider à relativiser les idoles de la télévision , du cinéma, du monde politique, et sensibiliser le   monde médiatique pour le faire se tourner  quelque peu vers les personnes qui nous montrent le chemin de Jésus- Christ.
    Mais ce travail est encore en chantier. En effet, nous devons résolument nous tourner vers la sainteté. Le choix de ces nouveaux saints peut remettre au premier plan  de notre vie spirituelle tous ceux que nous avons jusqu’ici, plus ou moins négligés  : sainte Jeanne d’Arc, sainte Catherine Labouré, sainte Bernadette, sainte Françoise Cabrini.     
    Jean –Paul II a voué un culte à saint Louis-Marie Grignion de Montfort qui a tant influencé sa spiritualité.  Il serait logique de retourner aux écrits de cette grande figure de l’Eglise qui nous fait paradoxalement sortir de l’esclavage.     
    En somme, les bonnes habitudes cultuelles doivent être reprises sans délai, « subito » comme les nombreuses statues de nos églises nous invitent à le faire depuis des siècles car elles nous aident à nous rapprocher de la vraie connaissance « Connaître crée une communion, c'est ne faire qu’un avec ce qui est connu » Benoît XVI,  Jésus de Nazareth,  page 106.
  Une  fréquentation plus grande des saints nous permettrait de nous rendre plus capables de résoudre nos problèmes.  Un dialogue fructueux devrait nous donner les grâces qui nous manquent et que nous ne  demandons pas. Comme le faisait remarquer la Vision à sainte Catherine Labouré : « Ces rayons sont le symbole des grâces que la sainte Vierge obtient aux personnes qui les lui demandent ».
  La communion des saints nous introduit au  cœur même du mystère de Dieu car le Dieu de Jésus Christ établit un pont entre Ciel et terre en nous faisant participer à son eucharistie qui le rend présent sur terre comme il est au Ciel, et en présence de tous les saints comme il est écrit dans l’Apocalypse. L’adoration eucharistique nous met déjà sur terre, en présence de l’immense foule céleste qui adore l’agneau pascal.
  Combien l’intercession des saints est devenue nécessaire pour ne pas s’éloigner de la vraie vie dont parle Benoît XVI dans son dernier ouvrage Jésus de Nazareth, page 105 : « L’expression « Vie éternelle » signifie la vie elle-même, la vraie vie, qui peut être vécue aussi dans le temps et qui ensuite ne s’achève pas par la mort physique ». 
  Cette relation d’amitié que nous entretenons avec les saints et saintes de tous les temps nous introduit peu à peu dans un temps qui rejoint l’éternité de Jésus ressuscité, et nous pouvons lire le message très réconfortant de Benoît XVl  page 107 dans  Jésus de Nazareth : « Plus il accueille en lui la vérité, plus il se lie à la vérité et y adhère, plus il vit en référence à cela et il est comblé par ce qui ne peut être détruit ». Rapprochons nous de tous les saints avec la bienheureuse Vierge Marie qui accueille Jean Paul ll.
Christian Bac 


Béatification Jean-Paul II


samedi 9 avril 2011


Notre ami Yves Roucaute vient de publier un nouvel essai chez F.-X. de Guibert (Cahiers2Groupe DDB), intitulé : LA PUISSANCE D'HUMANITE
Yves Roucaute est membre du comité scientifique des Cahiers Disputatio
Il a publié dans le n°2 : Vers la paix d'humanité durable

Il était l'invité de Frédéric Taddeï le mardi 5 avril 2011
Nous recommandons très chaleureusement ce nouvel ouvrage du philosophe

PuissancehumaniteLes dernières idoles qui ont porté atteinte à l’humanité des hommes sont en train de perdre leur pouvoir sous nos yeux : ce sont l’État, le Marché et la Raison. Les idéologues perdent l’usage de la parole et la « puissance d’humanité » continue son travail de transformation, même si beaucoup lui reste à faire pour faire sortir de l’humanité primitive une humanité réconciliée, réalisée. Mais cette métamorphose n’est pas spontanée, elle n’obéit pas à un déterminisme aveugle, bien au contraire elle ne sera l’œuvre que de la liberté humaine, mais informée par le message des grandes spiritualités et surtout au-dessus de toutes par le message du Christ Car tel est bien le génie du christianisme, de susciter une humanité nouvelle aspirant à voir naître une civilisation du respect et de l’amour. Yves Roucaute, qui n’est pas catholique, veut, à contre courant de l’opinion dominante, dire la vérité : le catholicisme est une chance pour l’humanité, il est la puissance d’humanité qui nous travaille depuis deux milles ans. « Je ne suis pas catholique, dit-il, mais qu’y puis-je si, à chaque découverte de l’intelligence, cette Église apparaît plus admirable encore, et faudrait-il avoir honte d’une spiritualité qui célèbre sans laxisme depuis des siècles la puissance d’Aimer, au nom de la puissance d’humanité ? La mode n’est pas de mon côté, le politiquement correct moins encore, seulement la recherche de la vérité.»
Ce livre raconte cette recherche. Il montre la puissance du message christique qui transforme les hommes. C’est le message du Christ qui a transformé la civilisation née de Rome et en a banni les sacrifices humains ; c’est le Christ qui est le foyer des Lumières du Moyen-âge, celles des moines et prêtres qui sauvèrent le savoir et travaillèrent à le faire fructifier ; c’est le christianisme qui invente la gratuité de l’école pour les humbles. Yves Roucaute en profite pour tordre le cou à quelques  mythes savamment entretenus par les idéologues modernes :
« Devrais-je raconter la sornette d’une opposition à Copernic, succomber avec Galilée…» ;
Mais également le mythe de l’Inquisition qui aurait été un déni de justice et aurait martyrisé des foules de pauvres gens, alors qu’en réalité elle a été une avancée spectaculaire du droit et une protection des hommes contre les justices expéditives et impitoyables qui avaient encore cours ;
Mettre fin à cette idée que l’Église aurait freiné les sciences quand elle a été leur moteur le plus efficace. Et ce ne sont que quelques exemples marquants, car le livre d’Yves Roucaute met à mal un certain nombre de mensonges devenus vérités à force de propagande. Il montre également que la philosophie moderne née de Descartes est devenue idolâtrique et manifeste la volonté de puissance de l’homme qui ne veut plus se soumettre à une loi naturelle et donc divine, mais devenir comme maître et possesseur de la nature : « Contre les Lumières du Moyen-âge, le cartésianisme offre ainsi à la modernité sa matrice philosophique. L’illusion constructiviste vient de trouver les sophismes dont elle avait besoin. Par leurs volontés, les nouveaux maîtres cartésiens de Vérité, armés d’une Raison unique et d’une Méthode vraie ont bel et bien fermé l’intelligence aux failles de l’Être et aux limites de l’intelligence humaine. »
Toute l’histoire est revisitée à grandes enjambées du néolithique à nos jours et montre que notre espérance en l’avènement d’un monde meilleur n’est pas vaine et que le christianisme est bien la solution pour l’avenir de l’humanité et qu’il lui suffit de ne plus résister à cette information humanisante comme elle le fait malheureusement encore.
Un ouvrage qui vient déranger un bon nombre de préjugés et nous invite à réfléchir sur notre destin individuel et collectif.

SOMMAIRE
Avant Propos 
Première partie : de la découverte de la puissance aux lumières du moyen-âge 
  1. Inhumaine humanité ? De l’esprit sacrificiel à la pensée magico religieuse 
  2. La puissance d’humanité découvre sa liberté créatrice et les limites de la pensée grecque 
  3. La puissance d’humanité découvre la nature de l’humanité  
  4. Le christianisme sauve le savoir de l’antiquité contre les barbares et invente la gratuité de l’école 
  5. Les lumières du Moyen âge contre l’obscurantisme et la fable moderne de l’Inquisition 
  6. La puissance d’humanité impose le souci des humbles : cité de la compassion, trêve de Dieu, concorde contre la fable des croisades 
Deuxième partie : la puissance d’humanité face aux trois idoles de la modernité 
  1. L’esprit chrétien de la Renaissance contre la raison idolâtre de Descartes, Kant et d’Alembert 
  2. La puissance d’humanité face à l’Etat idolâtre 
  3. Contre l’obscurantisme des fausses lumières et du romantisme, au-delà des droits individuels du libéralisme : l’avancée des Droits de l’homme… 
  4. Le christianisme affronte les fausses lumières et les mercantilistes pour abolir l’esclavage et le colonialisme 
  5. La puissance d’humanité sauve Dreyfus en affrontant le paganisme et l’idéologie antisémite de la gauche révolutionnaire 
  6. La puissance d’humanité abat les totalitarismes athées et préfère gagner la paix que la guerre 
  7. La puissance d’humanité dévoile la cité de la compassion contre l’impasse utilitariste et le culte mercantiliste, libéral et libertarien du Marché 
  8. La puissance d’humanité découvre la condition contemporaine contre les « postmodernes » : la paix d’humanité par le développement durable 
Bibliographie
Index

vendredi 1 avril 2011

Vatican II, une nouvelle religion ?


Un petit fascicule intitulé "Carême à domicile" a été distribué dans certaines paroisses dont l'un des articles mérite tout particulièrement d'être analysé. 
"Dans l'épître aux Galates, Paul évoque une altercation qu'il eut avec Pierre, alors que tous deux se trouvaient à Antioche. Pierre, à son arrivée dans cette ville, et malgré l'interdit de la loi juive, avait commencé à prendre ses repas avec les païens qu'avaient évangélisés Paul, Tite et Barnabas. Mais après l'arrivée de chrétiens issus du judaïsme, qui redoutaient d'abandonner les pratiques de leurs pères et voulaient même les imposer aux nouveaux chrétiens (tels la circoncision ou certains interdits alimentaires), Pierre se retire pour rester seul avec les circoncis. Paul dénonce sa dérobade, comprenant aussitôt le risque d'une coupure inacceptable de la communauté chrétienne. Ce n'est plus le respect rigoureux de la loi qui compte, proclame-t-il, mais bien la vérité de l'Evangile.
Episode précieux pour nous, chrétiens d'après Vatican II. Quelques-uns parmi nous ne sont-ils pas inquiets, tels certains circoncis de jadis, à l'idée d'abandonner les "pratiques de leurs pères" ? Relisons la Lettre aux Catholiques de France, publiée en 1996, que nous adressèrent nos évêques : elle note que nous sommes en train de changer de monde et de société, nous invite à accueillir le don de Dieu dans des conditions nouvelles, et à retrouver en même temps le geste initial de l'évangélisation, celui de la proposition simple et résolue de l'Evangile du Christ (...) A chaque époque, précisent-ils encore, les croyants sont appelés à ressaisir d'une façon particulière le sens de la Parole que Dieu leur adresse.
Ne soyons pas inquiets devant les changements qui surviennent aujourd'hui. Ayons confiance dans la promesse de Jésus : 
"Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière (...)
Il me glorifiera car il recevra de ce qui est à moi et il vous le communiquera" (Jean 16,13-14)

Quelques remarques sur ce petit texte.
Si l’on se reporte à cette méditation prévue le 21 mars, on lit une page qui incite à suivre fidèlement les consignes de Vatican II. On s’appuie sur l’Epître aux Galates où Paul relate une altercation avec Pierre. Le texte très connu concerne le respect de la tradition juive face à la vérité de l’Evangile. De façon analogue aujourd’hui on devrait suivre aveuglement Vatican II. Le parallèle établi est curieux. Le texte proposé à la méditation semble suggérer que  Vatican II prêche  une nouvelle religion. Pour le dire autrement, il est suggérer que le passage de l'ancienne alliance à l'Evangile, se reproduirait dans celui de l'église pré-conciliaire à l'église post-conciliaire. pourtant, le même Paul nous avertit que l'Evangile est le dernier mot de la Révélation et que nous devons en attendre aucun autre : "Eh bien ! si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que  nous vous avons prêché, qu'il soit anathème !" (Galates 1,8), et il précisait aux versets 6 et 7 qu'il n'y a qu'un Evangile et que ceux qui prêchent une autre révélation jettent le trouble parmi les fidèles. Nous pourrions encore citer la seconde épître aux Corinthiens 11,3-4 : "Mais j'ai bien peur qu'à l'exemple d'Eve, que le serpent a dupée par son astuce, vos pensées ne se corrompent en s'écartant de la simplicité envers le Christ. Si le premier venu en effet prêche un autre Jésus que celui que nous avons prêché, s'il s'agit de recevoir un Esprit différent de celui que vous avez reçu, ou un Evangile différent de celui que vous avez accueilli, vous le supportez fort bien." Paul veut certainement évoquer un Jésus psychique et non l'homme nouveau assumé par Dieu, et il faut bien entendu entendre cette phrase au conditionnel et non pas à l'indicatif.
Pour autant, il ne faut pas non plus croire que l'Evangile est un cadavre. Il est vivant puisqu'il est la Parole de Dieu adressée aux hommes. Autre chose est donc la Parole, autre chose l'intelligence que nous en avons, puisque ce n'est pas la lettre qui vivifie mais l'Esprit. Il y a donc un développement dogmatique de cette intelligence de la Parole. Ce développement ne devant, bien entendu, jamais être en contradiction avec lui-même, car il faudrait alors admettre que ce que l'Eglise a enseigné concernant la foi pourrait être faux, et que ce qu'elle enseigne aujourd'hui pourrait n'être pas plus crédible. Cette intelligence dogmatique de la Parole est donc comme une graine de sénevé qui finit par devenir un arbre majestueux : l'arbre est plus imposant que la graine, mais pourtant il n'est que cette graine. En aucun cas, ce développement ne pourrait nous faire admettre que d'une graine de sénevé puisse surgir un chêne. Il y a dans la graine toute l'information nécessaire à la croissance de l'arbre, et il n'y a rien de plus dans l'essence de l'arbre que dans celle de la graine.
Notre époque, invoquée par le texte, ne saurait changer la vérité de l'Evangile ! Cette époque n'a absolument rien de particulier concernant ce développement, sinon que nos connaissances cosmologiques, biologiques, anthropologiques, neurologiques peuvent nous aider à mieux comprendre certains passages de la Révélation écrite. Il est évident que la connaissance que nous avons de notre constitution psychique, par exemple, ne peut que nous aider à comprendre ce que Paul veut dire lorsqu'il parle du vieil homme (psychique) qui précèdent l'homme nouveau (pneumatique). Mais en aucun cas les caractéristiques sociologiques de la modernité ne peuvent changer quoi que ce soit à l'information évangélique ! Or, la lecture de ce texte n'évoque pas les découvertes scientifiques, mais nous laisse plutôt penser que ce sont les  conditions sociales nouvelles qui sont évoquées. Devrions-nous alors adapter le message métaphysique, ontologique du Christ pour le rendre plus acceptable aux yeux de ce monde soumis au règne de l'Homme ? N'est-ce pas l'abandon de la prétention au règne social du Christ qui est ici prêchée ? Le texte parle en effet de retrouver le geste initial de l'évangélisation; nous pouvons le comprendre de deux façons : soit il nous est demandé de faire comme saint Paul : de convertir les nations ; soit il nous est demandé d'abandonner l'idée que les nations puissent être chrétiennes et en conséquence de ne pas faire sortir l'Evangile de la sphère privée. Dans le premier cas, nous obéissons à l'ordre du Christ : "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples" (Matthieu 28,19); dans le second nous pensons que Dieu n'a pas le droit de cité et nous obéissons aux associations philosophiques des Lumières qui combattirent le catholicisme pour qu'il laisse la place au règne de l'Homme, et de manière plus pragmatique aux banques privées. Il faut se souvenir en effet que l'Eglise a toujours nourri une belle défiance à l'encontre du commerce de l'argent et qu'elle était un obstacle politique à l'épanouissement des puissances d'argent. Elle voulait protéger les hommes de ce nouvel esclavagisme qui apparaît de plus en plus clairement aujourd'hui : les individus mis au service de l'Argent. Il faut reconnaître que la mondialisation de ce pouvoir constitue une  nouveauté historique et une victoire de la puissance ante-christique... est-ce à cette nouveauté que nous devons adapter le message du Christ ? Lui aussi est-il convier à se soumettre au Léviathan ?
Pierre Essain et Jean Jacobie

mercredi 30 mars 2011

20ème anniversaire de la mort de Mgr Marcel Lefebvre


Il y a vingt ans, Mgr Marcel Lefebvre s’éteignait. En février 1990, dans trois conférences données aux Sœurs de la Fraternité Saint-Pie X, à l’Abbaye Saint-Michel, il avait accepté de raconter avec beaucoup de simplicité ce que fut sa vie. Ses propos, recueillis en un petit livre intitulé « La petite histoire de ma longue histoire », s’achèvent sur cet épilogue qui le dépeint tel qu’il fut et tel qu’il demeure dans notre souvenir empli de gratitude.
« Je ne peux pas dire que ce soit moi vraiment qui ai dit : Je vais faire cela, ce sera ainsi… et je pense que… et je veux que… Ce n’est pas cela du tout. Je constate que, toute ma vie, cela a été la même chose. A chaque fois, c’est toujours la Providence qui décide. Moi je résiste plutôt, je ne suis pas tellement d’accord, je ne suis pas tellement désireux. Mais elle me tire quand même : Ah ! non, il faut venir ! Puis, après, ma foi, je vois en effet que le bon Dieu bénit, bénit les choses, et que tout va bien ! Espérons que cela va continuer comme cela… »
Le 25 mars 1991, en la fête de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, il rendait son âme à Dieu.
Abbé Alain Lorans

mardi 22 mars 2011

Le Carême


Le Carême est un grand moment pour tous les chrétiens qui ne cessent de se demander exactement ce qu’il est ou ce qu’il doit être, et nous avons du mal à le vivre  parce que la société sécularisée dans laquelle nous sommes, ne nous dispose pas  vraiment à nous mettre dans la situation adéquate  pour le faire ; comme si à  des époques que nous n’avons pas connues ,il était plus facile de s’organiser.
     Les quarante jours définis par le Carême nous replongent dans les eaux de notre baptême pour y retrouver nos racines. C’est normalement un temps privilégié pour nourrir la pensée de tous et comme nous le rappelle Henri-Bertrand Lacordaire qui a inauguré les conférences de Carême à un moment difficile de l’histoire de France : « L’Eglise embrasse aussi dans les mêmes liens spirituels  l’enfance, le peuple les gens éclairés, les forts et les faibles. Tous, sans distinction, ont les mêmes symboles et la même foi ; au lieu que la philosophie n’embrassait que les hommes instruits »        préface à la conférence de Carême de Henri-Dominique Lacordaire de 1835.
       Loin de critiquer la philosophie puisque dans cette même préface il rappelle les paroles de Platon qui disait « qu’il est nécessaire qu’un maître vînt du ciel pour instruire l’humanité ».
       C’est un message universel pour vraiment nous instruire et nous mettre à travailler dans des conditions meilleures dans tous les domaines de nos différentes activités et occupations. Lacordaire nous rappelle que « l’homme est un être enseigné » et c’est là que se trouve la mission divine de l’Eglise du Christ.
     Il est bon de se remettre en mémoire l’objectif principal des conférences de Carême tel qu’Henri-Bertrand Lacordaire les  définissait, lui qui les a magistralement inaugurées dans sa préface : « c’est de préparer les âmes à la foi, parce que la foi est le principe de l’espérance, de la charité et du salut ».
     A partir de cette impressionnante et édifiante  réflexion, il est sage de reprendre notre chapelet pour continuer cette méditation et nous donner des habitudes enseignées par l’Eglise qui nous prépare au combat que le Christ lui-même a vécu dans le désert, en nous enseignant ce qu’il était nécessaire de faire devant les tentations qui n’épargnent personne pas même l’Eglise,  comme nous le rappelle Alain Besançon  dans son ouvrage intitulé : TROIS TENTATIONS DANS L’EGLISE . Voici ce que nous pouvons lire : « Ce n’est pas un hasard si des deux théologiens du XIXème  siècle qui peuvent encore se lire avec profit dans le nôtre , et qui , d’ailleurs , mirent au centre de leur réflexion l’unité de l’Eglise autour du siège romain, l’un Newman,  venait de l’Eglise anglicane ,et l’autre , Soloviev , de l’Eglise orthodoxe russe . L’intelligentsia catholique de la fin du siècle préférera le style enthousiaste du spiritualisme » page 36 et, immédiatement après, nous pouvons lire : « Il était certes sage de tourner le regard des Catholiques vers saint Thomas »
    Le carême n’est pas une agitation ou gesticulation extérieure, c’est un enracinement  dans  l’expérience multi séculaire de l’Eglise, à la suite  de sainte Bernadette et de sainte Thérèse de l’enfant Jésus.
     Pendant ces quarante jours, il nous est donné de méditer sur la vie de Jésus qui est en pleine communion avec son père et manifeste par sa personne le chemin, la vérité et la vie pour que nous aussi, nous soyons en pleine communion avec l’Eglise.
    Le désert doit nous donner  faim et soif  pour relire avec profit les textes  de la littérature patristique grecque et latine qui nous manquent. En effet les savants commentaires de ces pères sur la prière nous permettent de nous rapprocher de Dieu. 
Christian Bac

dimanche 27 février 2011

À propos du caractère surnaturel de certains éléments naturels


3. Le vent et le feu
    Le vent et le feu sont des éléments très présents dans les saintes écritures, et  dans le contexte de la révélation chrétienne ils nous rapprochent de Dieu. C’est pourquoi nous méditerons sur ces deux éléments de la nature qui tiennent une grande place dans la littérature à partir desquels, les écrivains se sont inspirés, et que la révélation est venue enrichir en les transfigurant.
     En effet, Moïse dont le regard va-t- être attiré par le  buisson ardent qui brûle, sans se consumer, manifeste un sentiment de crainte et d’étonnement, puisque Dieu n’a pas besoin d’un élément naturel pour alimenter le feu qu’il a créé.
    Dieu est le créateur de ces forces naturelles  qu’il commande. Ce qu’il atteste en faisant connaître son nom qui se détache totalement de ces réalités naturelles qui avaient été divinisées par le monde  païen. Ce buisson  ardent  nous élève à une réalité supérieure qui nous dépasse totalement. Ce petit buisson manifeste la grandeur de Dieu dont le caractère très humble nous émeut comme la crèche où Dieu se fait homme.
    « Je suis »  est au- dessus de tout nom, il est celui qui a commandé à l’étoile de guider les mages. Le feu de ce buisson nous invite à méditer sur  l’usage que les hommes  ont fait du feu au cours de l’histoire. La force d’une nation peut s’exprimer par sa  puissance de feu autrement dit, par sa capacité à répondre au danger dont elle peut être la victime.
   La puissance de Dieu se manifeste différemment, le buisson ardent n’est vu que  par un seul homme ; ce feu  n’est pas celui de  toute une forêt .Mais c’est de  cette humble manière qu’il entend s’approcher des hommes pour se manifester à chacun d’entre nous. Ce feu qui se manifeste sur le mont Sinaï  n’est pas un feu destructeur, il va au contraire marquer sa présence bienfaisante le jour de la Pentecôte.
      Ecoutons les saintes écritures : « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu »   Actes des Apôtres 1-2. Le bruit est ici comparé à un violent coup de vent qui révèle avec le feu,   l’Esprit Saint  qui vient visiter et habiter les Apôtres.
      Ce n’est pas le bruit des armes, ni le vent d’un ouragan qui se manifestent, mais c’est les éléments naturels bien contrôlés par le Dieu de l’univers qui nous révèlent que tous ces éléments avaient été toujours vus, avant la Chute, comme le don de Dieu. Alors nous pouvons avec les yeux de saint François contempler tous ces phénomènes naturels créés par Dieu, et développer un sentiment nouveau et  plus  profond de la nature.    
  Un autre passage de l’Evangile nous rapproche de Dieu celui  tiré de Luc 8 22 -25 alors que les apôtres pensaient ne plus pouvoir continuer à vivre : « Une bourrasque s’abattit alors sur le lac ils faisaient eau et se trouvaient en danger. S’étant approchés, ils le réveillèrent, en disant : « Maître, maître nous périssons ! » Et lui, s’étant réveillé, menaça le vent et le tumulte des flots .Ils s’apaisèrent et le calme se fit. » Le vent est sur le point de renverser la barque ce qui nous fait penser aux voyages tumultueux de Paul qui a risqué sa vie en mer. Tous ces moments difficiles liés à des problèmes matériels   nous montrent que Jésus, quelque soient nos difficultés, ne nous abandonne jamais.
   Le vent et le feu sont des éléments que nous ne pouvons pas toujours maîtriser malgré les progrès de la science ; ce qui devrait  nous inviter à regarder autrement ces forces que Dieu seul peut maîtriser totalement car il en est le créateur et nous ne sommes que ses intendants.    
                                                                                                                                                           Christian Bac

Société : le désastre de l'école républicaine


Renaud Camus qui a fondé le Parti de l'In-nocence, proposait dans une entrevue filmée une solution pour sauver l'école et la culture européenne.
Nous partageons les analyses de Monsieur Camus, mais ajouterions, que le recul du christianisme, de son ontologie, de son éthique, ne sont pas étrangers à ce désastre dont il fait un brillant constat. Nous ne doutons pas que les autorités publiques ne sont pas prêtes à entendre ce que cet homme plein de bon sens leur dit. Nous l'entendons et lui apportons notre soutien. Puisse-t-il être entendu !








samedi 19 février 2011

Le couronnement de la Vierge 1453-1454 Enguerrand Quarton


Dans le cadre de nos analyses sur la Trinité, nous renvoyons aujourd’hui Au couronnement de laVierge de Enguerrand Quarton 1453-1454.  Nous trouvons ici une présentation insolite de la Trinité, qui est à la fois un cours de théologie en images ainsi qu’une réflexion sur la Trinité et sur l’incarnation.
Quarton c

La Trinité
Les trois éléments de la Trinité sont représentés.  La première et la deuxième personnes ont des traits totalement identiques ; ils sont parfaitement symétriques. En réalité, c’est le Verbe et non le Christ,  c’est-à-dire l’incarnation du Verbe, qui est représenté. Il ne présente d’ailleurs pas de stigmates.
Inspirée par les Chartreux, cette œuvre est riche de toute la théologie de l’époque : la première et seconde personne de la Trinité sont rigoureusement identiques comme des jumeaux : il s’agit de souligner l’identité de nature entre les deux premières personnes divines : pas de différence d’âge entre la première et deuxième personne, gestes identiques, position du corps similaire.
Le saint Esprit a l’aspect d’une colombe. Elle touche de ses ailes la bouche des deux premières personnes de la Trinité. Le Filioque et la nature du Verbe, qui en découle, est un grand sujet de controverse. L’Esprit saint ne peut procéder que des deux premières personnes. Prétendre qu’il procède uniquement de la première personne peut être considéré comme  une forme de polythéisme. L’échelle des personnages et des objets, qui varie en fonction de l’importance des éléments,  permet à l’artiste de mettre en évidence les personnages principaux du Couronnement : la Vierge, la première, la deuxième personne et l’Esprit sont représentés dans le cadre d’une composition circulaire. La Vierge a une place à part, reliée au Père, au Verbe et à l’Esprit. Les anges et les bienheureux, et plus encore avec les personnages des registres inférieurs sont représentés avec une échelle différente.
L’exaltation de la Vierge.   La couronne de la Vierge est d’une grande richesse. Le manteau de la Vierge est bordé d’hermine, comme il  convient à une reine. Le manteau s’ouvre largement et assure une protection aux hommes. Elle exerce une Royauté universelle, comme on peut le voir avec les éléments qui l’entourent : anges et bienheureux, terre, purgatoire, enfers.
Le Christ en tant que tel est évoqué dans la partie inférieure. Entre ciel et terre, il y a la croix du Golgotha, qui fournit ’explication de ce qui se passe en paradis. La crucifixion est placée au dessous de la Vierge, dans le prolongement de l’axe de symétrie qui sert à représenter les deux premières personnes. Le sépulcre vide évoque la résurrection du Christ.
Michel Mazoyer
Les erreurs sur la Trinité et sur l'incarnation sont au coeur de toutes les hérésies théologiques, et l'Eglise a dû lutter en permanence contre les mauvaises interprétations qui voulaient réduire Jésus à sa seule humanité, en faisant de lui un sage, ou le réduire à sa seule divinité, affirmant e, conséquence que le Verbe est le Fils. Cette dernière affirmation conduisant bien évidemment tout droit au trithéisme : il y aurait le Père qui aurait engendré un Fils et le Saint Esprit serait un troisième individu. En réalité, le Père c'est Dieu qui est la cause première de toute chose, le Verbe, c'est Dieu qui parle et qui parlant crée, et le Saint Esprit, c'est l'Esprit de Dieu (manière de bien insister sur le fait que Dieu n'est pas une Energie spirituelle, une force, mais une personne créant librement). Cet Esprit nous est offert, si nous en voulons, et sans Lui, nous ne pourrions pas nous élever au-dessus de la nature finie contingente; or Dieu veut nous inviter à participer à sa divinité : Jésus est le premier né de cette humanité divine.
Ce tableau rend parfaitement compte de la théologie orthodoxe et n'est pas trithéiste. Marie dit "oui" à l'invitation de son créateur, elle est touchée par le saint Esprit, car elle est immaculée conception, elle n'est pas touchée par le péché originel qui n'est que notre situation adamique rebelle à l'amour divin; le manteau du Verbe de Dieu recouvre son sein, montrant qu'elle concevra de lui et non par la vertu de la semence humaine : Dieu va créer dans l'ovule de Marie, ce code génétique du nouvel Adam, par sa Parole créatrice.
Jean Jacobie 

vendredi 18 février 2011

Alain Besançon : la religion de Flaubert


Entre histoire des religions et mépris des Eglises : Une communication à l’Académie des sciences morales et politiques


Flaubert avait le sens du sacré mais le mépris des Eglises et des prêtres ! Il aborde le christianisme en historien - sa culture sur l’histoire des religions est vaste. Pourquoi la religion qui occupe une large place dans ses oeuvres, est-elle absente de l’Education sentimentale ? Alain Besançon se penche sur tous les livres de l’écrivain pour le découvrir à la fois tenté par la religion et la rejetant... et s’interroge au final : que nous dit cet auteur et ses écrits sur l’essentiel humain ?
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Pour écouter l'allocution d'Alain Besançon : CLIQUER ICI

jeudi 17 février 2011

Les papes et l’Islam, Les papes de l’Islam


Père Michel Lelong, Les papes et l’Islam, Les papes de l’Islam,41IiGEVUJ4L__SS500_
Koutoubia, Paris 2009, ISBN 9 782753 804074. 18, 90 €.
le livre du Père Michel Lelong est en vente sur notre site dans la rubrique "lectures proposées".

L’idée qui  organise le livre est que les relations conflictuelles entre l’Islam et l’Occident ne sont dues qu’à des incompréhensions mutuelles. Même s’il a existé à certaines époques et dans certains contextes d’étonnantes rencontresLe livre est d’une grande richesse et contient de nombreux documents d’une grande importance. On lira notamment avec les pages qu’il consacre aux écrits et aux déclarations de Benoit XVI sur la question.
Le père Lelong justifie totalement la mise en œuvre de  l’œcuménisme  actuelle et les tentatives de rapprocher les différentes religions. Il justifie notamment la rencontre d’Assise en expliquant seulement que la finalité n’a pas été suffisamment explicitée. A plusieurs repriseil souligne que le Vatican n’a jamais tenté de réaliser un syncrétisme entre les religions.
On sait que l’œcuménisme est au centre du débat entre la Fraternité saint Pie X et l’Eglise conciliaire. On rappellera quelques-unes des analyses de la Fraternité saint Pie X[1] :
Les trois religions monothéistes en dépit de leur origine commune se contredisent nettement. Pour deux religions, le dogme de la Trinité est compris comme étant un blasphème. L’incarnation de Dieu et celle de la divinité de J. C. est un blasphème.
Comment admettre que Dieu aurait livré aux hommes des révélations différentes et successives ? Donc une des religions est vraie, les deux autres sont faussesC’est en vain qu’on prétend échapper à l’enseignement du Christ. Les juifs et els musulmans refusent farouchement la divinité du Christ. Ceux qui refusent le Christ ne peuvent honorer le Père qui l’a envoyé.
On passe donc sous silence, les désaccords irréductibles entre les trois religions au nom de l’impératif œcuménique. Or l’expression monothéisme est une expression globalementfausse qui crée l’illusion d’une unité là il y a désaccord profond. L’  Eglise conciliaire a fondé ses espoirs sur l’obtention de la paix avec comme base le socle de la réconciliation entre les trois religions monothéistes. C’est une illusion totale et la paix ne sera jamais obtenue en dehors du Christ ; de plus ce faux œcuménisme a provoqué des dégâts considérables au sein de l’Eglise.
Le débat.
On voit donc que sur cette question la position du Père Lelong s’oppose frontalement à celle de beaucoup de « traditionalistes » qui s’appuient fortement sur cet enseignement qu’hors de l’Église, il n’y a pas de salut. Toute l’ambigüité volontaire de cette formule apparaît dès lors qu’il est admis que l’Église mystique, le Corps du Christ, n’a pas les mêmes frontières que l’Église temporelle. Par ailleurs, l’ignorance de l’Islam, où se trouvent la majorité des catholiques, mais également l’histoire des invasions arabes et des croisades, ne peuvent que nourrir les fantasmes. Le Père Lelong s’appuie quant à lui sur une grande connaissance de l’Islam qu’il a fréquenté de près depuis bien longtemps, ce qui, reconnaissons-le, lui donne une certaine légitimité pour en parler raisonnablement… De plus, depuis les attentats du « World-trade-Center »les musulmans sont suspectés collectivement de soutenir le terrorisme, ce qui ne fait que raviver les défiances. Il est donc important que des catholiques restent charitablement hors de la mêlée, et se gardent d’épouser les humeurs contradictoires du monde, ce qui suppose un certain courage, tant il est vrai qu’il est périlleux de penser librement dans notre société.
Nous pensons comme l’abbé Michel Lelong que le refus de ces fantasmes, plus ou moins guidés par les diverses propagandes qui voudraient prendre le contrôle de nos pensées,sont la marque d’un cœur ferme et que telle doit être la position du catholique ; il doit refuser de se laisser aller aux vieilles injonctions du cerveau animal contre lequel nous devons lutter. Il est donc juste de vouloir la paix, la justice et ainsi faisant de vouloir connaître l’autre pour ce qu’il est et non pour ce qu’on voudrait s’imaginer qu’il est. L’abbé Lelong qui s’est consacré à cette mission depuis bien longtemps peut donc trèslégitimement parler du monde musulman. Il est également légitime de vouloir mettre en évidence ce qui nous rapproche de cette religion ; pourquoi faudrait-il toujours ne porter notre attention et ne donner d’importance qu’à ce qui divise, nous oppose ? C’est là une manière désastreuse d’entamer un dialogue ! Pourquoi donc les oppositions, les divergences seraient-elles plus importantes, plus déterminantes que  les similitudes ? Cette pente psychologique de l’esprit humain, qui se nourrit de la volonté de puissance, nourrit les querelles et conduit à l’enfermement. Tout cela est bien stérile et fort éloigné du Sermon sur la Montagne. Nous devons être des artisans de paix et ne pas contribuer à attiser ces haines qui conduisent à la guerre. Il suffit pour cela d’ouvrir les yeux : ceux de l’intelligence du cœur, ceux de l’esprit.
Pour autant, il n’y a pas non plus de dialogue fructueux si la parole est retenue par des considérations étrangères à la recherche de la vérité. Il y a donc, dans le souci louable de rencontrer l’autre avec un cœur ouvert, le risque, par une peur excessive de le blesser, de ne plus oser lui dire le fond de notre pensée, de ne plus oser aborder les points de divergences – ce qui est au demeurant une forme subtile de la suspicion, un manque de confiance en l’intelligence de l’autre. En ce sens le syncrétisme est le danger qui guetteles âmes de bonne volonté, une faiblesse possible de celui qui veut tisser des relations amicales ; mais encore une fois, l’amitié suppose la vérité. Or, après le Concile, on a vu bon nombre de catholiques glisser sur cette pente, même dans le haut clergé. Cela fut rendu d’autant plus surprenant, pour ne pas dire choquant, que les catholiques traditionnalistes étaient étrangement exclus de ce dialogue ; on aura ainsi vu des pèlerinages de fidèles célébrer des messes sous la pluie devant des cathédrales et églises fermées à double tour, alors que des musulmans y étaient régulièrement invités à venir y célébrer leur culte.
Or, justement le Père Lelong avance avec prudence en évitant tous ces écueils ; ce qui manifeste bien évidemment la justesse de son entreprise.
L’idée du Père Lelong est donc que l’Islam ne représente pas un authentique danger, ainsi qu’on veut à tout prix nous le faire croire depuis quelques années, et qu’il n’est pas intrinsèquement pervers au contraire du communisme qui fut bien peu critiqué par le clergé français ces quarante dernières années.
L’idée de la Fraternité St Pie X est que l’Islam n’est dangereux qu’en raison de nos faiblesses. Ce qui est justeLœcuménisme non charitable, qui conduit au relativisme, est autodestructeur, il manifeste moins de la charité qu’une coupable faiblesseCe qui est évident, comme l’affirme avec insistance le Père Lelong, est que toute discussion  avec l’Islam ne peut s’enraciner que dans la tradition, dans une connaissance préalable du dogme et des textes fondateurs du catholicisme et dans la liturgie séculaire.
On voit donc que ces positions sont loin d’être contradictoires.
On terminera ce petit propos en revenant sur le procès médiatico-juridique instruit contre certains musulmans : Si l’immigration massive est d’abord de la responsabilité de ceux qui dirigent depuis 40 ans notre pays, comment peuvent-ils prétendre aujourd’hui interdire à des musulmans de pratiquer leur religion et de se vêtir comme bon leur semble?Comment admettre la liberté pour les citoyens de s’habiller de la manière la plus extravagante et ne pas reconnaître le droit de porter un voile ? Car enfin, le voile était porté par les femmes catholiques, notamment en Bretagne, il y a encore 50 ans ; les religieuses portaient encore le voile avant le Concile … la mini-jupe ou le « top less » sont de tradition beaucoup plus récente dans notre pays et ne semblent susciter aucun émoi particulier.

MICHEL MAZOYER
PAUL MIRAULT
[1] Voir le dernier article de labbé de Cacqueray, dans Le Sel de la Terre n° 71, 2009-2010, pp.30-45.