Dans le dernier chapitre du premier tome de ma thèse sur les proèmes de saint Thomas, L’esprit des disciplines philosophiques fondamentales, j’avais esquissé comme une analyse des principes philosophiques les plus importants qui caractérisent l’esprit thomasien, et défini ainsi comme un ‘style’ philosophique, celui que les proèmes des commentaires aux œuvres d’Aristote nous habituent à vivre . Le présent travail complète cette analyse, mais sans considérer les seuls proèmes. D’une certaine manière, il dit ce que la philosophie première peut dire de plus premier, de plus fondamental pour orienter la connaissance que nous avons de la réalité.
I) Le bien commun politique
1) La ‘question’ de la personne
Il est entendu que l’homme est un animal raisonnable, qu’il a un esprit, que celui-ci est immatériel ; que l’homme est capable par sa connaissance d’appréhender l’univers, de formuler des lois universelles, qu’il peut se poser la question de la cause finale et dernière de l’univers. Il a une conscience ; chaque personne est unique : unique son histoire personnelle, son visage, sa manière d’être et d’agir. Chaque personne a une valeur absolue, quels que soient son âge, son sexe, sa religion, la couleur de sa peau, son handicap, sa religion, chaque personne a sa dignité absolue et ne peut en aucun cas être utilisée comme un moyen en vue d’une fin.
On ne saurait, bien évidemment, jamais trop insister sur sa dignité, sa capacité spirituelle et intérieure de liberté, sa capacité à créer des œuvres d’art, à bâtir des cités et des empires, à élaborer des œuvres scientifiques ou techniques qui servent ses besoins fondamentaux, sa capacité artistique à exprimer le beau, sa capacité à éduquer, à transmettre le savoir. Et il est vrai qu’à une époque où la dignité de l’homme est tellement bafouée, où les matérialismes et les athéismes de diverses origines peuvent faire peu cas de sa valeur absolue, il faut affirmer l’importance, la primauté de la personne sur la matière, sa ‘transcendance’ vis-à-vis de toutes réalités économiques, psychologiques, neurologiques, politiques, etc. À l’ère des divers totalitarismes, il était important aussi d’affirmer la ‘transcendance’ de la personne par rapport à l’Etat : le ‘personnalisme’ a été très important avant la seconde guerre mondiale, puis après, à cause sans doute du marxisme, de l’existentialisme athée ou à cause des risques naissants d’une société matérialiste de consommation : il fallait mettre l’accent sur la transcendance des valeurs spirituelles de la personne par rapport à toutes les valeurs matérielles.
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